La rédaction de Gamekult a jeté les gants. Après l’annonce du rachat du site par Reworld Media et devant la volonté de ce groupe de transformer la ligne éditoriale du site, la très grande majorité des journalistes et pigistes raccrochent. Ils ne suivront pas le nouveau propriétaire.
Clauses de conscience et gros dégâts
Je vous en avait parlé il y a quelques temps, mais pour résumer les épisodes précédents très brièvement, Gamekult a été absorbé puis revendu par plusieurs grands groupes web. La rédaction et son contenu sont ainsi passés de main en main avant d’atterrir chez Unify. La plateforme Web de TF1. Quelques heures après le déménagement de Gamekult – et de LesNumériques ainsi que quelques autres sites – TF1 annonçait avoir revendu sa plateforme complète, tout le groupe Unify, à Reworld Media.
Reworld qui n’a de Média que le nom, son objectif avoué n’étant pas de transmettre de l’information mais plutôt de porter de la publicité. C’est eux qui ont racheté le vénérable Science & vie et ont fait disparaître toute sa rédaction dans la foulée.
Le groupe Reworld Media prenait ainsi possession des clés et de la destinée de Gamekult et nombreux autres sites du groupe. Un changement qui a mené les équipes de journalistes ainsi que la « rédaction étendue » composée des divers Pigistes et autres personnes en charge de la logistique des images et de la vidéo du site à poser leur démission. A abandonner le site.
Les raisons qui ont poussé à ce choix sont assez évidentes. En creusant un peu, on se rend vite compte que Reworld veut faire rentrer dans le rang un Gamekult trop souvent jugé comme dissonant par l’industrie du jeu vidéo. Leur vision d’un média critique est souvent mal vue par un marché qui pèse et injecte des dizaines de millions d’euros dans des jeux poids lourds du secteur. Pour Reworld, il faut surtout que l’argent rentre. Cela veut dire moins de journalisme et plus de communication. Pas un rédacteur en chef mais plutôt un chef produit.
Il faut que l’industriel se sente en confiance, suffisamment pour qu’il achète la panoplie complète proposée par un site aujourd’hui : de la pub certes, des affichages dans tous les sens qui viennent vous empêcher de lire le contenu. Mais également le contenu lui même parce que les lecteurs ont trop souvent tendance à installer un bloqueur de publicité. Et si on peut faire une vidéo « lol » qui parle du jeu en survolant ses défauts pour appuyer ses éventuelles qualités, si possible en suivant le script proposé par une agence de com’. Alors là, oui, il y a moyen de gagner de l’argent. Surtout si on s’est débarrassé de ces pénibles journalistes qui écrivent ce qu’ils pensent auparavant.
La rédaction s’est donc saisie d’un outil qu’on appelle « Clause de conscience » et qui protège les journalistes en cas du rachat de leur employeur. Cette clause leur permet de « démissionner » avec les même droits que s’ils avaient été licenciés. L’idée étant de ne pas laisser un journaliste dans la précarité si il est contre un changement de ligne éditoriale au sein de son magazine. Suite à la nomination d’un nouveau rédacteur en chef par exemple ou au rachat du titre par une entité voulant changer largement son orientation. Imaginez un journaliste travaillant dans les colonnes d’un journal lié à l’agriculture bio qui serait racheté par un groupe de chimie phytosanitaire. On comprend aisément que les journalistes de la rédaction ne veuillent pas cautionner ce choix.
Cela ne veut pas dire que les journalistes en question partiront les poches bourrées de gros billets. La durée de leur allocation chômage dépendra de leur ancienneté et surtout, pour la totalité d’entre eux, cette bouée de sauvetage ne gommera jamais la tristesse qu’ils éprouveront à quitter ce navire.
Mais comment faire autrement ?
Comment tenter de se battre contre un énorme moulin à vent. On connaît la méthode Reworld, on sait comment ils s’y prennent. Pour eux, Gamekult n’est pas un site important, c’est un bonus obtenu avec le rachat des autres entités qu’ils convoitaient. Mais Gamekult n’est pas rentable en l’état et les moyens d’inverser cette tendance sont assez simples à deviner.
Reworld n’a pas la réputation de beaucoup aimer les journalistes, ils préfèrent les communicants. Payer des « pigistes » au lance pierre pour ré-écrire un texte pondu pour une agence c’est beaucoup moins cher que de payer un testeur pour qu’il donne son avis. Et surtout ça permet de faire plus, beaucoup plus : tabasser des news au kilomètres, avec des titres bien aguicheurs tout en promettant des « tests » flatteurs. Il est interdit de publier un test qui serait financé par un éditeur de jeu sans le signaler aux lecteurs. Mais on peut très bien écrire un test totalement « indépendant » à côté d’une grosse campagne de marketing plus classique.
Personne dans l’équipe Gamekult ne veut suivre cette voie et au vu de l’immense fatigue liée à ces années d’incertitude quand à la pérennité de leur travail. Le tacle de TF1 qui les abandonne du jour au lendemain il y a quelques mois. Et surtout l’énorme tâche que représente déjà la publication jour après jour d’un monstre comme Gamekult. L’avalanche colossale de jeux à tester qui sortent chaque semaine. Une tâche que même Sysiphe aurait refusée. La très grande majorité du personnel a préféré arrêter les frais. Et je les comprends.
J’ai fait le même choix à une époque, à un niveau bien moins élevé, en préférant abandonner Blogeee,net plutôt que de continuer avec CNETFrance dans une voie différente. C’était très difficile alors je n’ose pas imaginer l’amertume qui a saisi l’ensemble de la rédaction.
Refaire à neuf ?
Je lis beaucoup d’incompréhension de la part des lecteurs face à ce choix. D’abord parce que, semble t-il, Gamekult n’a pas laissé sa chance à Reworld Media. Je ne suis pas dans le secret des dieux mais je pense que tout le monde sait déjà à quoi s’en tenir. Le groupe n’a pas acheté un site de jeux vidéo par amour de ceux-ci. Pas plus qu’ils ont acheté Science & Vie par amour de la science au vu des pages actuelles du magazine. Ils essayent simplement d’en faire juste un truc qui rapportera de l’argent. Et pour cela sont prêts à faire tout ce qu’il faudra.
L’autre questionnement vient du médium lui même. Un site web comme Gamekult ne pourrait t-il pas renaître de ses cendres avec un autre nom de domaine ? Après tout ? Et bien non, cela ne fonctionne pas comme cela.
Certes Gamekult a beaucoup d’abonnés, plus de 12 000 personnes ont pris un abonnement pour pouvoir lire leur contenu. 12 000 personnes qui payent chaque mois un accès entre 2,5 et 4,90€ suivant la formule choisie. Cela semble être beaucoup mais en réalité on est loin du compte pour une rédaction de ce type.
Il faut compter les salaires des nombreux journalistes qui écrivent, les équipes ne sont pas composées de rédacteurs bénévoles, ce qui fait déjà une somme assez impressionnante. Il faut également compter ceux qui assurent la technique pour les vidéos, les reportages mais aussi la gestion et l’entretien du site. Son développement. Tout cela à un coût qui dépasse déjà les sommes récoltées avec des dons.
Et ça ne compte pas le rachat de tout le matériel indispensable au site. Régie vidéo complète, ordinateurs, consoles, jeux… Cela ne compte pas non plus des locaux pour travailler, filmer, tester. Même en imaginant que les 12 000 abonnés suivent le mouvement vers un nouveau site cela ne suffirait pas à fonctionner.
Et Évidemment, ils ne suivront pas. D’abord parce qu’ils sont déjà abonnés et que le rachat du site ne sera pas une excuse pour se faire rembourser quoi que ce soit. Le budget abonnement est donc alloué pour beaucoup qui ne pourraient pas repayer un nouveau site. Mais surtout une bonne partie des lecteurs ne se rendront pas forcément compte tout de suite de ce changement. Il est possible que le contenu accessible aux abonnés se réduise au fil du temps à peau de chagrin, le but pour la nouvelle direction étant de vendre de l’espace publicitaire, il n’a aucune raison de le rendre difficilement accessible. A terme, il est probable que ce côté « Premium » disparaisse.
Et si les équipes qui quittent Gamekult aujourd’hui le font à contrecœur, ils n’auront sans doute pas la force de tout rebâtir. C’est un travail colossal de reconstruire un concurrent qui puisse se mesurer à ce que l’on a créé soit même de tout son coeur. Il faut faire encore mieux et avec moins de moyens. Ce que beaucoup ont accepté de faire pour pas grand-chose en salaire au lancement de Gamekult n’est plus envisageable 15 ou 20 ans après…
Gamekult, c’est une bibliothèque qu’on s’apprête à brûler.
Ce qui me fait le plus bizarre dans cette histoire, ce n’est pas ce qui arrive aux hommes pourtant. Je suis évidemment triste pour eux. J’en connais certains et je suis le parcours de Gamekult depuis assez longtemps pour savoir ce qu’ils ont investi dans cette aventure. Mais au-delà des salariés, ce qui me fait le plus mal au cœur, c’est ce qu’il va advenir de leur immense travail.
En France, on se fout pas mal du numérique. Il n’y a qu’a voir la difficulté que rencontrent les associations cherchant à préserver le patrimoine informatique pour établir un musée. Le jeu vidéo est devenu un moteur puissant de notre économie, le web a pris une place prépondérante dans nos vies et le travail accumulé sur un site comme Gamekult est d’un intérêt tout aussi historique que celui d’un magazine parlant de cinéma ou de musique.
Mais à la grosse différence de la presse papier, qui est archivée par nos services nationaux pour en garder une trace lisible. Le travail d’analyse et de compte rendu du jeu vidéo de Gamekult est et restera sur leur site. Un site dont les nouveaux acquéreurs se foutent probablement totalement.
Ces archives, les tests d’il y a quelques années seulement, font partie de l’ossature théorique et technique des papiers d’aujourd’hui. Cela retrace un peu plus qu’un simple compte rendu sur des pixels qui se déplacent à l’écran. Qu’on soit d’accord ou non avec une note attribuée à un jeu, le rédacteur du test passe souvent de longues heures à se forger un avis qu’il articule et documente de manière poussée. On peut détester un jeu que le rédacteur adore ou l’inverse mais force est de constater qu’il donne un avis argumenté après y avoir joué et fini. C’est donc un immense travail de suivi qui est proposé aux lecteurs.
Ce travail là, cette somme de tests, de reportages et d’analyses, risque bien de disparaître. Parce que ces archives n’intéressent finalement qu’une poignée de lecteurs dans les statistiques du site. Ils ne sont plus parcourus que par quelques centaines d’internautes chaque mois. Et qu’est-ce que cela va signaler à une boite comme Reworld Média qui ne juge les contenus que par le profit publicitaire qu’ils rapportent ? Que ces vieux tests n’ont aucun intérêt.
Vous allez peut être me juger pessimiste mais je ne suis pas si sûr que cela soit une mauvaise augure. Je surfe depuis de nombreuses années maintenant et j’en ai trop vu des sites disparaître au gré d’un rachat. Tout leur contenu devenir inaccessible du jour au lendemain parce que quelqu’un avait décidé de débrancher un serveur jugé inutile ou peu rentable. Mais, pire que ça, c’est mon lot quotidien que de rechercher un texte, un article, pas forcément si vieux que cela, qui a été massacré au gré des changements de sites. Gamekult a connu plus d’une refonte mais a toujours gardé le souci de conserver la lisibilité des contenus les plus anciens. Un travail important qui demande du temps et un certain souci du détail pour être mené à bien.
En terme plus triviaux, cela suppose de payer quelqu’un pour se soucier de ces transitions techniques. Un investissement alors que tout le monde sait que ce travail n’aura aucune conséquence financière positive. C’est exactement pour cela que vous pouvez croiser de nombreux sites avec des contenus saccagés. Des vieux articles importés au petit bonheur mais qui ne respectent plus la mise en page du site original. Qui ont perdu toutes leurs images, leurs liens et parfois même une partie de leur contenu. Des textes hachés, aux accents remplacés par des codes obscurs, aux coupures brutales entre les mots… Un gâchis numérique qui va, de part ce formatage illisible, perdre encore plus de lecteurs. Et surtout perdre tout intérêt aux yeux de ceux qui payent la facture de leur entretien. Et c’est comme cela que des sites complets disparaissent d’internet dans la presque indifférence générale.
Si je devais comparer Gamekult à un autre média, je le ferais en pensant à un magazine comme Les Cahiers du cinéma. Cela paraît un peu pompeux parce que les rédacteurs des Cahiers n’utilisaient pas des pseudos rigolos, n’utilisaient pas de meme, ne faisaient pas d’émissions sur des musiques minimalistes et parlaient d’une industrie rebaptisée « septième art ». Mais je pense qu’il y a un rapport direct entre le travail de Gamekult sur le jeu vidéo et le travail effectué dans l’analyse du cinéma.
Mais si les Cahiers sont disponibles à la lecture depuis le numéro 1 de 1951 grâce au travail de préservation de la BNF, l’énorme contenu de Gamekult n’a droit à aucune sauvegarde publique. Et pour cause, les droits appartiennent désormais à Reworld et il n’est pas possible d’en dupliquer le contenu de manière institutionnelle. Ce qui veut dire qu’il est de la responsabilité de Reworld d’en prendre soin comme il est de son droit de le faire disparaitre…
J’espère me tromper mais je suis malheureusement prêt à parier sur une disparition ou une altération des contenus du site dans quelques années. Tout simplement parce que Reworld se moque éperdument de celui-ci.
A qui le tour ?
Toute une rédaction qui disparaît, le contenu d’un site en danger. Le tableau est déjà très sombre mais je n’ose pas imaginer la suite. Reworld a croqué Les Numériques et Gamekult était proposé en bonus. C’est probablement pour cela que c’est le premier à en pâtir.
Mais je ne suis pas rassuré pour autant pour LesNums. Le site pourrait être mis en danger dans sa forme comme dans son contenu. La direction de Reworld étant bien plus intéressée, là aussi, à construire un pont publicitaire entre les marques et les lecteurs que par une relation critique faisant barrage entre les deux. Le risque de voir cette digue petit à petit percée est assez grand.
D’autant qu’un journaliste technique spécialisé est une denrée rare, tout comme un bon journaliste jeu vidéo. Et qu’il est bien plus pertinent dans un souci de rentabilité de transférer son poste à un rédacteur externe, sans statut ni rédacteur en chef pour le protéger, totalement dépendant de l’appréciation de la direction dans le traitement de l’information. Ce dernier écrira exactement ce qu’on lui demande.
J’ai bien conscience que tout cela n’a rien à voir avec le monde des Minimachines. Mais ce qu’il se passe aujourd’hui sur Gamekult est assez symptomatique du web d’aujourd’hui. Le secteur du jeu vidéo est en crise et c’est donc sur ce segment que ce mouvement de fond est le plus visible. Mais d’autres secteurs sont également mal en point et on sent clairement arriver sur de nombreux médias la tentation d’une évolution de leur contenu. Si l’objectif de la plupart des sites est d’accompagner leurs lecteurs dans leur choix et leurs usages, cela devient souvent une mission quasi impossible aujourd’hui.
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des sociétés qui veulent que l’argent rentre ? ce monde est trop pourri. lol.
Houlà rien de nouveau sous le soleil.
De nombreux sites ont vendus leur âme à des grosses machineries ainsi.
Je préférais le web quand les joueurs maintenaient leur blog dans leur coin, en fait c’est encore vrai aujourd’hui.
Car ces blogueurs n’ont rien à y gagner comparé à un site qui doit vivre de ses visites et de ses annonceurs.
J’étais déjà abattu par l’annonce la semaine dernière, et il a fallu que Pierre enfonce le clou une seconde fois :'(
Plus sérieusement,merci pour cet article. Comme dit plus tôt, la nouvelle m’avait pas mal touché étant donné que j’étais abonné premium depuis pas mal d’année. La presse spécialisé est au plus mal, et cette disparition n’est finalement que la continuité. Maintenant, il va être encore plus difficile de trouver des articles de fonds de qualités dans les jeux vidéos.
Au delà de la presse spécialisée, je dirais que c’est toute la presse indépendante qui est menacée : rachetée pour être exploitée comme une coquille vide ou bien directement disparaître.
« Cette clause leur permet de « démissionner » avec les même droits que s’ils avaient été licenciés. L’idée étant de ne pas laisser un journaliste dans la précarité si il est contre un changement de ligne éditoriale au sein de son magazine. »
intéressant car dans le reste du monde professionnel le seul choix qui se présente c’est de démissionner et de partir avec rien.
@Joeletaxi: le souci n’est pas de gagner de l’argent mais comment cet argent est gagné. Aller à la facilité et servir de caisse de résonance à des agences de com je ne vois pas où est l’intérêt…
Je suis triste pour GK… Merci de faire un peu de place à ce qui leur arrive et de constater les conséquences de la disparition de ces passionnés au service de leur passion.
C’est une évolution tristement logique : les « surfeurs » ont été habitués au gratuit payé par la pub. La pub peut payer, mais imaginer qu’elle le fera sans contrepartie est un fantasme !
@R2D2: c’est également une situation différente. Qui va embaucher ce profil de journaliste ? Et même, plus largement, qui va embaucher aujourd’hui un journaliste qui refuse de suivre aveuglément sa direction ?
Triste avenir… :(
Plus largement la presse est complètement vampirisée par des intérêts en conflits avec une vision objective. L’argent a pris le contrôle partout.
Vraiment triste pour Gamekult, mais pour les médias qui nous abreuvent sur des sujets « moins triviaux » que le JV c’est bien pire pour nous tous.
http://www.senat.fr/commission/enquete/2021_concentration_des_medias_en_france.html
Pour ceux qui ont le courage et le temps : https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/france/le-documentaire-media-crash-sur-mediapart
Utilisant un aggrégateur RSS pour suivre les titres des news de pas mal de sites, je commence à avoir du mal à trouver des sites dont les titres des news n’ont pas virés à la foire à la saucisse (Machin atomise le prix de …) ou bien en mode putaclic (vous ne croirez jamais … !!!).
LesNums, par exemple, plus de « promos » dans les titres que de vrais articles, quand ce ne sont pas des « articles d’opinion » sponsorisés.
Bref, il commence à être dur de trouver des articles de qualitay fait par des passionnés dans cette jungle publicitaire. Les sites « d’information », les vrais, disparaissent des étals, c’est d’un triste !
Au passage, merci Pierre pour ton travail objectif et je te souhaite le meilleur en toute indépendance, car tu deviens une denrée rare ;)
« Le groupe n’a pas acheté un site de jeux vidéo par amour de ceux-ci. Pas plus qu’ils ont acheté Science & Vie par amour de la science au vu des pages actuelles du magazine. Ils essayent simplement d’en faire juste un truc qui rapportera de l’argent. Et pour cela sont prêt a faire tout ce qu’il faudra »
étrangement ce passage m’a immédiatement fait penser au rachat de la license Star Wars, par le groupe Disney alors même que son auteur, Georges Lucas, s’était promis de ne jamais le faire et avait même luté au départ pour rester indépendant.
Au final ça devient une machine à pognon bien rentable, peu importe l’intérêt pour l’univers de cette saga.
@Etienne:
Mouais, à part que l’intégration initiale de Gamekult dans un gros groupe, ça n’a pas été vraiment un choix, mais plus une question de survie pour l’équipe à l’époque.
Honnetement, LesNums est mort depuis un bout de temps. Les fiches techniques des articles sont systématiquement fausses, et restent fausses quand on le signale en commentaire. Ca donne une idée de la qualité et motivation des tests.
Oui lesnum sont déjà à moitié mort. Le très faible nombre de commentaires sur leurs articles en dit long sur leur déchéance actuelle.
Merci pour cet article, c’est triste ce monde en devenir…
J’espère qu’ils vont rebondir vite sur un nouveau projet
PS : on jette l’éponge ou on raccroche les gants
Ci vous recherchez encore un site fr donc l’actu est fait à 90% par des blogs de passioné ya « Gamekyo.com »
La BNF s’occupe des bouquins et magazines. Pour le web, c’est l’INA qui a récupérer cette mission d’archivage.
https://www.ina.fr/institut-national-audiovisuel/collections-audiovisuelles/le-web-media
Je ne pense pas qu’ils seraient bloqué dans cette tâche pour des questions de droits…
Je ne vous y est pas trouver. Faut peut-être se signaler, si ils ne savent pas que vous existé (il me semble qu’Internet Archive a une option comme ça)
http://inatheque.ina.fr/index/WEB-MEDIA/
@TiTi: A creuser oui. Mais est-ce que si le site de l’INA permet de lire le contenu payant de Gamekult il n’y aurait pas un petit soucis de modèle éco ?
@Pierre Lecourt: Ah oui, les sections exclusives ou privées, effectivement. M’étonnerait que leur bots aient les mdp pour visiter ces pages gratuitement ^^
Internet Archive doit avoir les mêmes restrictions à ce niveau.
Intéressant d’avoir mis en lien l’article d’Arrêt sur Image. Exemple édifiant d’émission qui a su rebondir, après sa déprogrammation.
Je ne les suis pas, mais je suis heureux de constater qu’après tant d’années, ils sont toujours là et que leur modèle s’est révélé une réussite.
Beau pari qui a su fonctionner. Ça laisse de l’espoir pour d’autre…
De la même manière, le magazine papier Canard PC a bien failli disparaitre DEUX fois : il a chaque fois pu se sauver en faisant appel à sa communauté de lecteurs au travers d’un crowdfunding.
Par contre, j’ai remarqué dans le dernier un petite phrase de Dandu, le rédacteur (désormais unique) de son journal frère Canard PC Hardware, disant que la survie de celui-ci était menacé à breve échéance.
Et ce n’est pas bon signe pour la presse technologique …
@Baervar: Dandu est parti chez MacGeneration https://ours.macg.co/equipe/
@Pierre Lecourt: Merci pour l’info, Pierre !!
Excellent billet. J’aprecie (*) particulièrement la fin, au sujet de la disparition quasi certaine d’un capital immense de savoirs, d’analyses et de points de vues.
Et la « piraterie » sauvage d’articles spécialisés … sans queue ni tête, « saccagés » comme le dit Pierre … Quel fléau pfff
Sinon j’ai vu aujourd’hui que la revue « psychologie » était passée elle aussi dans le giron Reworld dernièrement et qu’il n’y reste plus que 3 journalistes.
(*) en fait c’est très triste
Ça me fait penser à jeuxvideo.com racheté par Webedia en 2014, une grande partie de la rédaction avait aussi jeté l’éponge, les obligeant à déménager d’Aurillac à Paris en 2015. J’étais complètement dégouté et j’avais laissé tombé le site.
Il y a bien eu une tentative de refaire quelque chose (extralife.fr) avec les anciens rédacteur mais cela n’a duré que quelques mois et le site est quasi mort depuis pas mal d’années.
Le point positif c’est qu’après toutes ces années jv.com a toujours conservé les tests et vidéos créés depuis le tout début.
Je pense qu’au fil des années on s’attache plus au personnes et à leurs « plumes » que par le site web lui même donc l’audience va forcément baisser surtout qu’une bonne partie des lecteurs sait maintenant que gamekult va juste devenir un site qui fait de la pub…
Beaucoup de vidéos Gamekult sont hébergées sur youtube et dailymotion donc peut être qu’il y a un espoir de ce côté mais concernant les tests à l’écrit c’est une autre histoire.
Il y a aussi l’exemple jeuxvideo.fr, la totalité de leurs vidéos tests et des vidéos uploadées par la communauté étaient hébergées par leurs propres serveurs donc tout a disparu lors de la fermeture…
Merci pour ce billet édifiant.
D’ailleurs, une page avec les sites d’information indépendants appréciés de notre hôte serait bienvenue
@joeletaxi : tu pointe la le gros probleme du monde : l’incompréhension de ce qu’est à la base une société.
La notion de société a été créé à la base pour rendre un service que tout le monde ne peut pas faire, en échange d’une rétribution correspondant a ce service. et non l’inverse.
Or ce que tu exprime est le contraire de la notion de société, et ce qui est le cas depuis bien longtemps : une société est là pour faire rentrer de l’argent quelque soit le service, inutile ou pas , faux ou pas.
en clair, la ou un société existait pour aider l’ensemble de la communauté au travers d un échange par l’argent, on obtiens une société ou tout le monde prend l argent sans rien d’utile a la société en retour…
et après on s’étonne que tout le monde est enervé contre tout le monde de nos jours ;-)
il se trouve que l’acheteur de gamekult agit justement dans le mauvais sens la ou gamekult essayait d’agir dans le sens positif. c est la le soucis. pas de faire de l’argent, mais d’en faire la priorité face au service rendu
@pierre : merci je t suis depuis que tu es tout petit (sur le net en tout cas ;-) )
je ne savais pas que tu avais quitté CNET France pour « divergence » d’opinion !
continu tes billets et bon courage
@borf: J’ai pas de griefs envers Cnet hein, ils m’ont foutu une paix royale avec Blogeee pendant un an. J’avais accès à des trucs sympa et un salaire aussi fixe que confortable en plus d’un statut avantageux. Mais ils ont voulu intégrer Blogeee comme une rubrique de CNet et m’orienter vers des contenus différents qui ne m’intéressaient pas.
J’ai préféré renoncer au confort mais continuer a faire des trucs qui m’intéressent. Au final si j’avais continué je serais aujourd’hui dans le pool de Les Numériques / CNETFrance / Gamekult probablement…
Une page qui se tourne, hélas.
Les rares fois où je cherchais un test de jeu vidéo, gamekult restait la référence parfaite.
On est dans un monde où il y a de plus en plus d’informations : mais c’est plus du bruit que de l’info, et la vraie info se noie paisiblement dans tout ça …. triste, triste…
@StarDreamer: L’information fait le bruit malheureusement. Beaucoup « d’articles » ne font que reprendre le communiqué de presse, parfois en brodant autour et en ajoutant un titre racoleur. Mais, finalement, tous ces « articles » sont identiques, lisses et sans réelle plus-value (intellectuelle).
Ceux qui sont trop petits sont soit invisibles, soit dépendants des marques de produits testés.
Ceux qui deviennent trop visibles sont (souvent) rachetés par des groupes qui n’y voient qu’une opportunité financière et/ou de « partenariat » avec d’autres marques.
Ça n’est pas pour passer de la pommade, mais je ne connais pas d’équivalent à MiniMachines et surtout à Pierre (je suis preneur, et dans tous les domaines). Refuser la pub et le confort pour garder une ligne et une liberté d’expression, prendre du recul sur les annonces (je n’ai pas lu d’équivalent à l’article sur le devenir des produits Stadia par exemple), etc. ça ne court pas les serveurs…
merci pour cet article très interessant !
A la fin de nolife, on a pu trouver l’intégrale de leurs émissions en mode tipiak sur les torrents. Je m’attends à la même chose sachant qu’une partie de la commu est là même : des passionnés qui ont un rapport passionnel avec ce média.
Cette c’est illégal… mais ça serait déjà ça pour la préservation !
(Et puis la rédaction a bien du partir avec quelques hdd de copie… qui finiront leaké un jour ;) )
@Neurobioboy: Oui je suis bien conscient que pas mal de contenu pourra leaker un jour ou l' »autre. Ce qui me pose soucis c’est que cela ne sera pas ouvert à un travail « sérieux » par exemple. Impossible pour quelqu’un qui fait une thèse sur le média du jeu vidéo de s’appuyer sur un fichier en Torrent ou des vidéos disséminées à droite ou à gauche. Il faut que cela soit indexé « proprement ».
Du coup je me dis qu’un site comme l’INA qui, si la nouvelle direction fait un service premium plus ouvert mais avec moins de pub et non pas un Paywall fermé, s’empare du contenu pour l’archiver sérieusement, ce serait la meilleure nouvelle pour GK.
Ce qui est à remarquer c’est qu’on payait 30 Francs en 1995, pour un magazine mensuel papier comme joypad ou Jeux vidéos, en étant lycéen ou étudiant soit selon l’insee 6,50€ équivalent aujourd’hui en 2022, qui paye autant pour ce service d’information et de tests de JV ?
@niakola bien vu cette ‘comparaison’ avec la presse et ses prix d’il y a 30 ans.
Etant collégien/lycéen, j’achetais même plusieurs magazines chaque mois, pour disons 70-80 francs. Et aujourd’hui, combien je dépense sur le Net… 0 euro 😐
Les industries de la musique et du cinéma sont en train de « réussir » (double guillemets : c’est un autre et vaste sujet) leur transition avec une formule ‘nombreux contenus de qualité en échange d’une somme mensuelle assurée’ (Spotify, Netflix, etc.). Mais ce modèle ne réussit pas à la presse web du jeu vidéo (entre autres), pourquoi ? Est-ce que ce modèle bénéficie d’autant de temps (que la musique ou le cinéma) pour faire ses preuves ?
@gazza8: le drame c’est que les joueurs peuvent se faire leur propre avis sans la presse spécialisée ? ou bien grâce aux abonnements type xboxlive ?
j’aimais avoir les tips également pour progresser + vite dans les jeux…
mais un jeu connu d’une franchise type FIFA a été nullissime pendant des années mais favorisée par la presse sponsorisée alors si cette presse indépendante meurt c’est la faute des vendus j’ai envie de dire
« écosystéme hostile » tout est dit c’est compliqué comme pour la presse automobile qui survit encore, pour combien de temps ? que les quadras et les quinquas arrêtent d’acheter ?