L’étrange politique de suivi de Google ChromeOS

Google joue à un jeu étrange avec ses engins sous ChromeOS. La marque propose des périodes de suivi liées à la date de sortie de chaque machine. Mais ces périodes fluctuent ces derniers temps, avec des extensions plus ou moins longues.

Prévues pour être mis à jour pendant 5 ans à l’origine, les machines sous ChromeOS sont passées à 6.5 années de manière globale dans un premier temps. Au bout de cette période, elles ne reçoivent plus de mise à jour… ce qui signifie leur arrêt de mort technique. Sans mises à jour, elles sont sujettes au risque d’une navigation dangereuse. 

Chromebook S345-14

Et ce sont des cibles particulièrement précieuses pour les pirates car des engins comme les Chromebooks sortent par lots de dizaines de milliers de pièces des usines des fabricants. De telle sorte que lorsque leur suivi de mise à jour s’arrête, ce sont autant de cibles potentielles, dans le même état logiciel, qui peuvent être attaquées. L’idée de sortir un outil d’attaque dédié devient donc rentable pour les machines les plus populaires. 

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Depuis quelques temps les machines sous ChromeOS reçoivent des extensions de durée de mise à jour. Plus ou moins longues et concernant uniquement certains modèles uniquement, comme par exemple les 8 Années d’une série de machines sous SoC ARM Mediateck MT8173C par exemple. On sent qu’il s’agit là d’un problème économique pour Google. Gérer le suivi et la mise à jour pour autant de machines différentes semble problématique. On imagine l’armée de programmeurs nécessaire au développement et au suivi de ce type de solution. Chaque machine proposant une configuration particulière et recevant une extension de mise à jour transpirera sur les autres modèles employant le même « moteur » technique.

Et on sent que cette solution au « coup par coup » est en train de faire tâche d’huile. Comme si il suffisait qu’un constructeur demande à Google d’étendre la durée des mises à jour de ses machines pour que toutes celles utilisant le même coeur en profitent. On imagine donc que Google peut démarcher les constructeurs pour mutualiser cet effort et pousse ainsi les différentes marques à étendre le suivi de leurs engins. Ce qui permet notamment aux marques de garantir plus longtemps les services de leurs Chromebooks et Chromebox. Ou de respecter un cahier des charges imposé par un client institutionnel par exemple.

On vient d’apprendre que Google allait étendre le suivi de pas moins de 135 machines différentes. De manière assez aléatoire. Certaines machines auront droit à 6 mois d’extension de suivi supplémentaire, passant de 6.5 à 7 ans. D’autres auront une année ou deux de plus. Une liste détaillée est publiée par Google où les utilisateurs pourront découvrir la date retardée des mises à jour. Le site AndroidPolice tient également un listing des machines qu’il est bon de vérifier avant d’acheter un engin.

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Reste que le couperet tombera un jour ou l’autre. Non pas que les machines cesseront de fonctionner le jour J mais qu’elles deviendront problématiques. Et cela n’a aucune espèce de rapport avec le prix ou la qualité du produit. Si votre engin pourra toujours fonctionner, il sera vulnérable qu’il ait coûté 250 ou 700€ pièce. Au vu de l’évolution des tarifs de ces engins ces dernières années, surtout sur le marché du Chromebook qui a largement débordé sur des modèles plus haut de gamme ces dernières années. Il n’est plus rare de croiser des machines à plus de 600 ou 700€ par exemple sur ce marché. Cette volonté de Google de dissocier le suivi des machines du système d’exploitation est donc assez problématique. Même si Google semble vouloir améliorer les choses en poussant ces extensions au fur et à mesure.

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La solution de Google pour faire face à cette problématique a été assez simple même si elle n’est pas forcément rétroactive. Le moteur de recherche a annoncé en Mai dernier que toutes les machines mises en vente dès cette année seront forcément compatibles Linux. Proposer un suivi de ChromeOS aussi complet que possible et, après cette période, offrir aux utilisateurs d’utiliser par exemple une solution comme Debian, Ubuntu ou Fedora. L’autre solution proposée par Google est de lancer des outils Linux depuis une machine virtuelle. Cela demande un peu de connaissances techniques, et notamment savoir se servir du terminal, mais il est possible d’installer des programmes Linux sans problème depuis ChromeOS. On peut doc utiliser Thunderbird, Firefox ou LibreOffice sans problèmes.

Google pourrait se rapprocher de certaines distributions pour permettre aux utilisateurs de basculer d’un univers à l’autre tout en continuant d’exploiter ses services. Cela permettrait d’éviter une obsolescence logicielle d’appareils toujours fonctionnels à défaut de laisser ChromeOS en place et de risquer les données des clients qui ont fait confiance à la marque.

 


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26 commentaires sur ce sujet.
  • 8 novembre 2019 - 11 h 37 min

    Au bout de six ans on peut aussi considérer que les machines sont amorties… Ce problème existe également sur les télévisions, les portables etavec des durées plus courtes. A partir du moment ou la transparence existe lors de l achat c’est un choix du consommateur. Une entreprise ou une école qui achete ce matériel doit déjà anticiper le fait qu’il sera a changé a telle date…

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  • Alf
    8 novembre 2019 - 12 h 39 min

    C’est un problème lié à ARM, ou lié à la conception de ChromeOS ? Les Chromesbooks x86 s’en tirent mieux ?

    Sur les autres systèmes d’exploitation on peut installer un Chrome mis à jour sur des machines bien plus vieilles que 6 ans.
    Dans ce cas là, l’OS fait la couche d’abstraction entre le matériel et le logiciel, mais je pensais que c’est que Google avait fait pour ChromeOS (pure spéculation de ma part) :
    – un noyau Linux réduit au minimum pour assurer l’abstraction
    – les drivers pour gérer le matériel
    – le strict minimum en logiciel pour faire fonctionner Chrome
    – un Chrome mis à jour indépendamment de l’OS via le canal normal de distribution (donc un simple build universel linux+ARM ou linux+x86 selon la machine)
    – et par dessus une interface utilisateur bâtie uniquement sur Chrome

    Comme ça, au pire l’environnement Linux perd ses mises à jour, mais Chrome reste à jour et comme il gère quasiment tout, il permettrait de conserver un niveau de protection décent.

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  • 8 novembre 2019 - 13 h 02 min

    … Surtout que notre chromebook HP d’entrée de gamme acheté 220€ il y a 3 ans fonctionne parfaitement bien et a très peu de risque de tomber en panne. Malgré les 8, 10 parfois 12 ou 14h d’utilisation quotidienne, les composants ne chauffent pas. Rien n’est vraiment sollicité.

    Qu’en fait on une fois qu’il n’y aura plus de mises à jours ???

    A+

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  • 8 novembre 2019 - 13 h 16 min

    Le support ARM par les distributions Linux n’est pas universel, donc attention tout de même. Ceci étant l’arrivée de ce nouveau « marché » pourrait remotiver les développeurs.

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  • 8 novembre 2019 - 13 h 38 min

    Je peux me réjouir d’une compatibilité Linux, qui prolonge la vie de la machine, mais cela pourrais quand meme avoir des consequences sur l’utilisateur lambda qui n’y connais rien en OS.
    Au bout de 6,7 ou encore 8 ans, la machine sera tout meme obsolete…rdv dans 8 ans dans les déchetteries pour trouver des petites machines sympas à mettre sous linux, gratos!!! lol

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  • 8 novembre 2019 - 14 h 28 min

    le C200 de ma mère vient d’arrivé à échéance…
    Y a-t-il un moyen d’y installer Chromium OS en lieu et place de Chrome OS pour qu’elle puisse continuer à s’en servir ?

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  • 8 novembre 2019 - 14 h 34 min

    Pour moi ce n’est pas des plus dramatiques. Certes c’est un problème conséquent, mais la durée de support pour les mises à jours est longue (6.5 ans minimum).
    C’est à contraster avec les smartphones par exemple ou il est très fréquent qu’il n’y ait plus *aucun* suivi au bout d’un an ou deux, parfois même moins – mon Wiko Wax de 2014 n’a jamais eu droit à la moindre mise à jour par exemple.

    Donc même si c’est un problème certain, je ne pense pas que ça soit si grave que ça, après tout au bout de 6 ans et quelques le coût de la machine aura franchement été amorti, même s’il est dommage que ça condamne ces ordinateurs à une « mort » logicielle.

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  • 8 novembre 2019 - 14 h 43 min
  • Alf
    8 novembre 2019 - 15 h 23 min

    @Clément Nerma: Sur ton Wiko jamais mis à jour, tu surfes sur le web avec un navigateur de 2014, ou avec un navigateur mis à jour par la boutique d’applications ?

    Le navigateur web c’est le truc le plus exposé aux menaces, et sur Android, même si ton OS n’est plus à jour, le navigateur reste à jour.
    Alors que sur ChromeOS, visiblement la fin du support empêche de mettre à jour le navigateur web.

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  • 8 novembre 2019 - 16 h 30 min

    @Madwill: Non, ces machines ne se retrouveront absolument pas à la déchetterie. Et tout le problème est là.

    Monsieur Michu continuera à se servir de sa machine, vu qu’elle continuera à fonctionner, que malgré l’avertissement, il ne pourra pas passer à une nouvelle version de l’OS, et surtout qu’il n’aura pas vraiment conscience des risques pris à continuer à l’utiliser ainsi…

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  • 8 novembre 2019 - 17 h 58 min

    @sebastien PRUDENT: Amorti? pour une entreprise avec un plan comptable OK, mais pour moi, tout achat est amorti…quand il est complètement inutilisable. Et Dieu sait que ça arrive de plus en vite avec les produits de mauvaise qualité qu’on achète !

    Mon Chromebook a plus de 5 ans. Il est désormais sur la liste noire. Il fonctionne aussi bien que le jour ou je l’ai acheté. Son utilité est toujours aussi importante. Il n’est donc pas du tout amorti, pour moi. Je considère donc l’attitude de Google comme de la merde. On critique beaucoup Windows. Mais avec Windows 10, on peut toujours utiliser une machine achetée il y a 12 ans, pour peu, bien sur que le hardware soit encore suffisamment performant.

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  • to
    8 novembre 2019 - 18 h 19 min

    6 ans c’est raisonnable quand meme, le chromebook que j’ai recupere’ justement grace/ a cause de cette non mise a jour porte des signes visibles d’usure (clavier trackpad, batterie) et son ancien proprietaire l’a remplace’ par un chromebook plus beau plus moderne.

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  • 8 novembre 2019 - 18 h 40 min

    Dans cet article, Neverware propose d’installer Cloudready (leur chromeOS alternatif) en version gratuite (Community) sur un Chromebook.

    Bon,c’est pas forcément hyper simple: mode developper, bien sur, mais après Bootloader alternatif à installer parfois obligatoirement puis l’os lui-même.
    Rien de tout cela n’est rocket-science, mais comme le débridage de l’os passe par l’ouverture et la désactivation d’une vis ou d’un cavalier (jumper). Attention au cours jus qui peut briquer

    Sinon, plus safe et plus simple: Crouton . On installe un vrai linux complet (ubuntu conseillé sur acer c720p, mais d’autres possibles), et avec un peu de recherche et de ligne de commande linux (on apprend des trucs!) on peut même faire en sorte d’imprimer en USB (le graal sous chromebook).
    Côté expérience utilisateur, outre le CTRL+D qu’il faut faire à chaque démarrage (c’est surtout que si qqun appuie sur le seul mot en MAJUSCULE visible au démarrage, càd ESPACE, il faut TOUT recommencer et qu’on perd toutes les données, et que ça prend bien 30mn à faire…), il faut aussi entrer 2 ou 3 commandes et mots de passe pour se logger sous linux…Dans Chrome…dans ChromeOS.
    Mais là, on a Firefox, openoffice, vlc, Transmission (torrent) etc. et le matériel est sur de fonctionner.
    Ubuntu reconnait plus facilement le clavier pour le mettre en français.

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  • 8 novembre 2019 - 18 h 43 min
  • 9 novembre 2019 - 9 h 13 min

    @brousse.ouillisse: J’ai trouvé ça: https://mrchromebox.tech Les chromebook étant apparemment sous firmware coreboot, c’est une bonne nouvel, non? ;)

    @Laurent Simon: Tu n’as pas tort mais on en trouvera un peu dans dans les dechets…avec des surface pro X lol

    Répondre
  • 9 novembre 2019 - 10 h 01 min

    @sebastien PRUDENT:
    Je me permets de ne pas être d’accord. Là notion d’amortissement vaut pour une utilisation dans un cadre d’entreprise, pas pour un particulier. Si les smartphones sont à la peine passé 3 ou 4 ans, particulièrement pour leur batterie , que viennent faire les TV dans ce commentaire ? J’ai deux postes à la pa6, le plus récent n’a pas moins de 8 ans et n’est pas obsolète

    Répondre
  • 9 novembre 2019 - 10 h 58 min
  • dja
    9 novembre 2019 - 11 h 59 min

    Que ChromeOS meurt, ca serait une bonne nouvelle.
    On prend un kernel linux et on le rend propriétaire en tentant de verouiller le hardware et le bootloader.

    Ce bidule est une énième magouille de Google pour contrôler tout l’écosystème et, en passant, nos vies.

    Répondre
  • 9 novembre 2019 - 12 h 29 min

    Pour ceux qui utilisent leur « portable » chez eux, n’est-il pas possible d’utiliser une mini-machine comme proxy ? Il faut oser l’installation et disposer d’une machine inutilisée, bien sûr. Mais est-ce faisable ?

    Répondre
  • 9 novembre 2019 - 14 h 31 min
  • 10 novembre 2019 - 17 h 47 min

    @dja et @h2l29: ok en theorie, mais en pratique, y’a 2 énormes différences entre ChromeOS et Linux:

    1- Linux a besoin d’un admin (et d’un costaud) pour l’installation voire pour la maintenance. Pas ChromeOS qui en plus empeche l’utilisaeur de faire des grosses conneries

    2- ChromeOS a un ecosysteme plus sympa pour l’utilisateur final quand meme, entre les apps Google et meme certaines apps tierces qui commencent a apparaitre.

    Je suis a 100% pour qu’on passe tous sur FOSS. Mais la communauté n’est pas assez sérieuse sur la doc, la simplicité pour l’utilisateur final non-informaticien, ni même, franchement, le support sur le fofos. Pour moi, le principal intéret d’Android et de ChromeOS c’est que c rend Linux utilisable par le péquin moyen, parceque le Linux pur et dur, même moi qui suit a moitié avancé, je ne m’en suis jamais sorti entre les noyaux a recompiler (mon avant-dernier essai, un pote sympa l’a fait pour moi), les limitations étranges (3 ecrans sur des vidcards différentes sur des GPU différents avec un menu vertical a droite de l’ecran du milieu, j’ai jamais réussi alors que sous Windows c’est évident), les bugs (mon dernier essai, le boot loader n’aimait pas mon AMD), et la doc indigente (j’ai passé des heures a essayer de faire des trucs avec tmux and systemd; non seulement c’est galere mais en plus a priori c’est en fait meme pas les bons outils).

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  • 11 novembre 2019 - 0 h 23 min

    @ dja
    je préférerais que ce soit microsoft qui meurt, quitte à choisir…
    Google a au moins fait une chose de bien, il a involontairement rendu Linux incontournable sur les appareils mobiles / connectés.
    Chrome OS passera, Linux restera.

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  • 11 novembre 2019 - 21 h 48 min

    @Obarthelemy: le problème c’est le choix, avant on achetais une machine sous windows ou autre c’était exploitable par le péquin moyen, rien ne nous empêchait d’installer ce qu’on voulais après achat, aujourd’hui même les ordis portables sous verrouillés c’est intolérable

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  • 12 novembre 2019 - 12 h 57 min

    @Obarthelemy:

    Je suis une bille en informatique.

    Pour installer linux sur mon ordinateur la grande difficulté a été de désactiver secure boot. J’ai été sur le site HP et sur mon pc j’ai fais F1 droite droite bas bas bas touche espace touche entrée touche bas touche entrée (expliqué comme ça sur le site de HP).

    J’ai mis une clé USB, j’ai fait suivant, suivant, j’ai choisis ma langue qui était la bonne, suivant, suivant (je sais plus exactement le nombre de suivant) j’ai attendu quelques minutes et j’ai eu linux. Pour les applications, j’ai un joli centre logiciel pour en ajouter (j’ai même accès aux applications chrome via chrome).

    Jamais eu de problème hardware (mais je reconnais que j’ai choisi du matériel reconnu) sauf une mise en veille de wifi réglé très facilement (le problème existe aussi sous Windows).

    J’ai jamais compilé de noyaux.

    Répondre
  • 12 novembre 2019 - 18 h 53 min

    @Obarthelemy: Comme pour Wanou, jamais de soucis avec une distro « grand public », genre Ubuntu (et dérivés: xubuntu, lubuntu) ou mint.
    Ma distro privilégié (Ubuntustudio) n’est pas Lts mais je l’ai pour un usage spécifique. Et même la, rien à compiler, juste l’upgrade a la nouvelle version.

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  • 13 novembre 2019 - 23 h 19 min

    @ Obarthelemy
    C’est franchement plus que bizarre ce que tu écris… Un admin pour mettre à jour une distribution ? Tu as entendu parler de Mint, Mageïa, Ubuntu etc ? Aucunement besoin d’être une brute en informatique pour faire fonctionner un OS mieux pensé et donc plus simple d’utilisation et d’administration que Windows.

    « La communauté pas assez sérieuse sur le doc » ? Là, on frise le ridicule tellement tu es de mauvaise foi. Les d’Ubuntu, Arch ou Debian pour ne siter que ces 3 là, sont justes fantastiques.

    Et alors le coup du « noyaux à recompiler », « doc indigente », « 3 écrans sur 3 GPU » etc. Sérieux, tu vas faire croire à qui que le péquin moyen a besoin de recompiler son kernel et de brancher 3 écrans sur 3 cartes graphiques différentes ?

    Bref…

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