En forçant les constructeurs à intégrer du tactile sur les Ultrabooks, Intel les condamne à fabriquer des produits qui sont contraires au principe même du PC. Microsoft, en imposant une interface tactile avec Windows 8 sur un engin avant tout conçu pour produire du contenu ne propose guère mieux. L’objectif de tout ce beau monde, draguer les clients tablette en leur proposant un ersatz.
La tablette, voilà l’ennemi
La tablette, cette méchante petite chose qui empêche de vendre des PC selon les analystes. La tablette est la chose qui dérange, peut importe qu’elle soit vendue par la même marque qui souffre d’une baisse de ses ventes de PC. La tablette est pointée du doigt par tout le monde, tenue pour responsable de cette érosion manifeste des ventes.
Mais pourquoi les gens achètent-ils des tablettes plutôt que des portables ? Qu’est ce qui fait que le grand public boude les PC ? Les constructeurs ont brainstormé longtemps, se creusant la tête pour trouver la parade.
Parce que c’est léger et autonome, c’est tendance ! Réinventons la roue en changeant le nom de ce qui existe déjà. Avec une étiquette « Nouveau » sur un ultraportable classique, les Ultrabooks feront l’affaire. Les netbooks sont sympa, on en vend des millions mais ça ne fait plus le poids face aux tablettes. En plus les tablettes se vendent très cher au vu de leur équipement, les ultrabooks seront plus à même de venir se positionner sur ce segment premium.
Parce que ça va plus vite et que ça démarre instantanément ! C’est la première chose que se sont dit les constructeurs de portables : Qu’à cela ne tienne, avec l’ajout de disques électroniques et de fonctions d’hibernation avancées on se retrouve avec de gros PC qui se réveillent en 3 secondes.
Parce que les tablettes ont une interface sympa avec plein d’infos dessus ! Microsoft a lancé un nouveau Windows qui pallie ce problème en ajoutant de grosses tuiles qui remplacent efficacement ces notifications. C’est fun et coloré, c’est sympa, ça va le faire.
Problème pour les fabricants, les ventes continuent de s’écrouler. Manque de bol, les prix des tablettes se sont affaissés beaucoup plus rapidement que prévu et les ultrabooks peinent à offrir à prix égal le même niveau de performances que les anciens ultraportables 1 centimètre plus épais. Reste un truc à copier sur la tablette, le format. Détachons les tablettes de nos claviers, empêchons l’ergonomie autrefois vantée par les fabricant d’asservir le PC. Rajoutons donc une couche tactile à l’ensemble! Pour vendre des PC, faisons des tablettes !
Lorsque j’achète un PC je cherche autre chose qu’une tablette.
Tout cela est très beau sur le papier mais cela pose plusieurs gros problèmes à l’acheteur de PC. D’abord le prix augmente en conséquence. La miniaturisation de l’engin, la construction d’un système hybride permettant d’accueillir la partie détachable, la couche tactile capacitive sur une belle diagonale … tout cela a un coût évident. Si on ajoute l’obligation d’embarquer des disques électroniques encore assez chers et des batteries de bonne tenue ultra-fines, on comprend pourquoi la facture s’alourdit si vite.
Il est bien sûr possible de faire tenir ces nouveaux engins dans une enveloppe de tarif plus contenue mais alors il faut dégrader les fondamentaux pour compenser le prix et la marge: Écrans moins bons, processeurs moins performants, fonctionnalités revues à la baisse.
Le principal souci posé par cette transformation du PC en outil tactile est dans la cible visée. Admettons que je cherche une tablette, serais-je intéressé par un PC capable de faire comme une tablette ? En imaginant une machine sous Windows dotée des mêmes aspects esthétiques qu’un iPad, trouvera_t-elle des clients ?
Autrement dit, est-ce que les acheteurs de PC cherchent vraiment à les remplacer par des iPad ou autres tablettes Android ? Je reste persuadé que les usages et les mondes sont parfaitement étanches : Si on consomme les mêmes contenus sur les engins, les usages sont pour la majorité des utilisateurs clairement définis non pas par le facteur de forme des objets mais bien par le potentiel et l’ergonomie de chacun.
Personne n’achète une tablette en se disant « Chouette je vais pouvoir refaire mon CV dessus » tout comme personne n’envisage encore vraiment un ordinateur portable 15 pouces comme une machine nomade.
En copiant la tablette, les fabricants déboussolent leurs clients potentiels. Ces derniers vont alors chercher des engins qui leur paraîtront plus fiables ou en tout cas plus sûrs de leur propre identité.
En cherchant à copier les tablettes les fabricants de PC font vendre plus de tablettes.
Et ceux qui n’ont pas le choix à cause d’une panne de leur ancienne machine ou parce qu’il leur faut absolument un PC pour un nouveau projet, de se retrouver perdus sur un marché complètement bancal où les engins d’aujourd’hui coûtent plus cher que ceux d’hier ou sont moins bien équipées pour le même prix.
L’ergonomie d’un PC à un sens adapté à ses usages.
Une touche par lettre, un pavé numérique, une souris ou un pavé tactile,voilà l’interface de saisie naturelle des PC. Naturelle car elle correspond à notre physionomie. 2 mains comprenant chacune 5 doigts. Le tout d’une précision redoutable. Affûté au fil de notre évolution, ce dispositif permet de manipuler des éléments concrets comme des éléments virtuels. Sentir une touche qui s’enfonce sur clavier renseigne parfaitement son propriétaire sur l’état de sa frappe. Il sent où s’est positionné son doigt sur la clé, s’il a débordé ou non de celle-ci et si le mécanisme de frappe s’est déclenché. Il le sent autant qu’il le sait parce que l’outil est précisément prévu pour cela. Si la souris ou le pavé tactile sont nés, c’est pour déplacer à l’écran un objet virtuel qui est le curseur. C’est un objet non tangible, protéiforme et adapté à un affichage en 2D. Cet objet est par là-même plus précis que notre propre anatomie.
L’acheteur de PC veut retrouver cette interface clavier-souris sur sa machine car elle correspond à ses usages. Pianoter un long texte, déplacer un curseur virtuel d’une lettre à l’autre, composer des combinaisons de touches instinctivement ou encore faire la sélection d’une zone de l’écran au pixel près. Voilà à quoi les PC sont bons, voilà où pêchent les interface tactiles.
Une couche tactile est une très bonne solution sur tablette car elle évite toute interface inutile entre l’utilisateur et l’application qui a été conçue dès le départ pour cet usage. C’est la seule interface proposée et elle colle parfaitement au besoin de la machine. Pour qu’elle soit aussi utile dans le monde PC elle aurait dû naître avec celui-ci. Si les tentatives de tactile – via des stylets plus ou moins pratiques – ont toutes été abandonnées au fil du temps, c’est parce qu’elle ne parvenaient jamais au niveau de productivité proposé par le clavier et surtout par le couple clavier-souris.
En fait, depuis que la souris est venue au secours des interfaces graphiques il ne s’est jamais réellement présenté un produit plus efficace pour manipuler un ordinateur.
La proposition du PC tactile va à l’encontre de cette ergonomie : C’est d’abord un outil inadapté à l’objet physique qu’est un portable : Le clavier sépare l’utilisateur de son écran, ce qui oblige forcément à un effort de la part de l’utilisateur pour venir y pointer son doigt. Doigt qui vient transformer un curseur ultra précis en une vague zone de sélection que l’on cache au moment où l’on s’en sert. C’est un non sens total en terme d’ergonomie sur PC.
Je passe sur les effets pervers de la couche tactile qui sont l’écran couvert de traces de doigts et les charnières qui font basculer ces systèmes en arrière à la moindre pression : Il faut voir les utilisateurs de PC tactiles – dont moi – retenir d’une main leur écran pendant que l’autre tapote leur surface. Ergonomie niveau zéro.
La philosophie même du monde PC niée par cette interface.
La première chose que je fais quand je me lève le matin, la toute première chose, c’est de débrancher mon smartphone et de réactiver son Wifi. Et pendant que j’allume ma cafetière (ce qui est la seconde chose que je fais le matin) , je peux vérifier facilement tout ce qu’il se passe dans ma petite vie numérique : Mes emails, mes diverses messageries, mon serveur et autre. Je peux aussi savoir le temps qu’il fait sans mettre le nez dehors et connaître l’état du monde. Tout cela me saute à la figure sur mon smartphone. Si jamais un papier m’interpelle et que je veux le lire confortablement je peux toujours choisir d’allumer ma tablette qui propose un plus grand écran. Mais si jamais j’ai reçu un email qui appelle une réponse urgente, je n’ai aucune hésitation entre smartphone, tablette ou PC, je m’attable face à un vrai clavier.
Si j’avais un PC hybride, je le retrouverais d’ailleurs probablement dans cette position de portable classique pour ne pas à tenir la tablette en main. C’est probablement pour cela que le principe même du PC hybride, du PC tablette ne me satisfera jamais. Pourquoi acheter plus cher un produit qui ne comblera aucun de mes besoins en mode tablette ? Si je veux une « solution canapé » il existe des machines sous Android ou iOS plus adaptées pour bien moins cher.
Pire, il me semble qu’en rendant les interfaces du monde PC tactile on va y perdre tout leur intérêt. En rendant tactile l’interface de Windows on transforme l’habituel utilisateur en consommateur de contenu. Les tuiles de Metro sont avant tout des raccourcis vers des interfaces de consultation et non pas des programmes de conception. Des que l’on veut retourner à des utilitaires destinés à la fabrication d’image, la rédaction de texte ou le montage de vidéo, l’interface tactile devient totalement inexploitable et inutile.
Le risque est de montrer aux nouveaux utilisateur une interface qui cachera le réel potentiel d’un PC : Un outil qui s’apprend qui ne permet pas toujours d’avoir un résultat immédiat mais qui ouvre la voie à la créativité. La différence entre un logiciel comme Lightroom et une application comme Instagram n’est pas forcément évidente pour le néophyte. Jusqu’au jour où l’on se rend compte que sa photo de vacances dont on est très fier ressemble quasiment trait pour trait à la photo qu’un parfait inconnu vient de poster sur Facebook via une application qui lui a pré-mâché le boulot de la même manière que la sienne.
Le tactile impose forcément une approche adaptée à notre morphologie, une interface plus simple, des choix limités à ce que les gens préfèrent, coupant court à toute expérimentation ou tâtonnement. On va droit au but, à des résultats précis. Impossible d’exploiter facilement un menu déroulants, des courbes de niveaux ou autres systèmes nécessitant une sélection précise. Le tactile bêtifie l’interface.
Avec Leap Motion, le tactile sur PC est déjà dépassé.
Leap Motion vient d’annoncer la sortie de son dispositif de détection dans l’espace pour le 13 Mai prochain. Dans 3 mois les PC tactiles paraîtront totalement obsolètes.
Leap Motion est un système de détection dans l’espace, situé dans une zone précise au dessus du dispositif et qui prend en compte les évènements compris dans cet espace. Le système est invisible, peu cher et parfaitement intégrable à un clavier de portable en le positionnant par exemple dans le repose poignets ou sous le pavé tactile.
A la différence du tactile, il ne constitue pas un obstacle entre ce qu’il y a affiché sur l’écran et l’utilisateur, il n’obstrue rien et ne salit pas la dalle. Son prix ne varie pas d’un écran de 11″ de diagonale à un écran 17″ ou plus, les économies d’échelles sont donc énormes puisqu’un même dispositif peut servir à l’ensemble d’une gamme de fabricant, ce qui est différent d’une dalle capacitive.
Leap Motion est précis, très précis. Suffisamment pour piloter une interface avec la même précision qu’une souris et surtout n’est pas condamné à des interfaces ayant besoin d’un courant de conduction électrique comme la main ou des accessoires spécifiques. On peut écrire dans l’air avec la pointe d’un stylo classique et voir son trait reporté à l’écran avec une finesse millimétrique. On peut également régler l’engin pour qu’il prenne compte de la profondeur de la position d’un doigt ou d’un stylet, de l’angle dans lequel il est positionné : En clair on pourra faire des pleins et des déliés avec un Leap Motion. Autant d’exploits remisant le tactile à des années lumières derrière en terme d’interactivité.
Leap Motion coûte 80$ aujourd’hui en pré-commande sur leur site, 80$ pour un objet externe que la marque a dû financer elle même à ses frais. Ce dispositif intégré dans une gamme de portable devrait coûter bien moins cher : Leap Motion a été suffisamment malin pour proposer à ses partenaires non pas de lui acheter une technologie mais de lui payer des royalties sur ses produits.
Ainsi les fabricants pourront intégrer directement des capteurs Leap Motion dans leurs claviers, dans leurs portables ou dans toute interface adaptée : Dos d’une télécommande de téléviseur ou d’ampli par exemple et tout cela pour un prix de revient très faible. Ils devront juste verser une somme au concepteur pour chaque produit vendu.
Un magasin d’applications dédiées géré par Leap Motion permettra de dégager d’autres revenus. Si les logiciels les plus courants pourront être pilotés nativement par le périphérique, y compris dans les sous menus les plus complexes et avec une précision redoutable, il est plus que probable que les éditeurs profiteront de l’arrivée de cette technologie pour proposer de nouvelles fonctionnalités. Les éditeurs de jeux pourront alors porter la plupart de leurs titres tablette sur PC. Il est également certain que tout un monde de nouveaux logiciels proposant de manipuler de la matière virtuelle avec l’ensemble de nos 10 doigts apparaisse très rapidement.
A la sortie du premier portable avec technologie Leap Motion intégré, le monde des PC embarquant une couche tactile fera le même effet au public que les machines dépourvues de souris. Le choc va être rude et les utilisateurs trouveront là une vraie raison d’investir dans un PC. Non pas parce qu’il sera tactile, non pas parce qu’il ressemblera à une tablette mais bien parce qu’il proposera une nouvelle interface ergonomique sans les inconvénients majeurs d’une surcouche capacitive. L’engin se démarquera alors totalement d’une tablette et ne cherchera plus a la remplacer.
Je parie ma chemise qu’Intel ouvrira son cahier des charges à Leap Motion en remplacement du tactile que le fondeur va imposer pour obtenir l’appellation Ultrabook.
2,5€ par mois | 5€ par mois | 10€ par mois | Le montant de votre choix |
Bon finalement un article indigeste et pas très visionnaire hein!
Le leap motion qui a en entendu parler debut 2015?
Je suis certains que des études vont prouver qu’une grande partie des gens ne s’adapte pas au leap motion, et donc les constructeurs vont abandonner l’idée (pour l’instant, faudra peut-être attendre 20 ans) de le commercialiser.
Les enfants, les plus vieux, les gens qui n’arrive pas à s’extrapoler dans un espace vide, les gens ont des petites difficultés psychomoteurs… il y a plein de monde à qui ca ne pourrait pas convenir.
Le tactile, c’est palpable et très intuitif, ce n’est pas le cas du futur leap motion. C’est sûr les générations qui ont vu grandir la technologie (échantillon de ces personnes = ENSEMBLE des personnes ayant lu cet article) s’adapteront très vite, mais quand on vend un ordinateur, on s’intéresse à la masse, pratiquement la globalité des genres. C’est comme si on demandait à tous salarié de n’importe quel âge, et de n’importe quelle condition, de signer ces documents à la mairie avec une manette Wii… Impossible !! Il faudrait créer des stages d’initiation au leap motion, ce n’est pas le cas avec le tactile qui est pris en main en quelques secondes.
Finalement, ca restera un gadget, donc un boîtier supplémentaire comme on voit sur les photos, et il faudra voir disparaître quelques générations avant qu’il soit commercialisé comme étant l’officiel remplaçant du tactile. Le tactile ne deviendra pas obsolète avant pas mal d’années.
Enfin c’est comme ça que je vois tout ça.
Sinon, je suis d’accord, qu’ils nous fabriques des ordi portables plus puissant, avec grand écran, plus lourd, pour concurrencer les PC fixes, au lieu de concurrencer les tablettes.