Quand Intel détaille comment construire des tablettes hybrides

Intel a profité de l’IDF 2016 pour donner son petit cours de cuisine maison à destination des constructeurs de PC et, particulièrement cette année, aux fabricants de tablettes hybrides. Une leçon très technique mais pas inintéressante qui vise un objectif précis : La finesse. La marque continue de vouloir des engins aux écrans détachables de plus en plus fins et vise le 7 mm d’épaisseur. De quoi concurrencer les tablettes sous système ARM.

Si, en 2015, l’objectif fixé par Intel état de proposer des tablettes hybrides de 9,5 mm, le fondeur vise désormais un cran en dessous avec des solutions prévues de 7 à 9,5 mm d’épaisseur pour la partie écran. La partie clavier qui sert de dock à ces solutions n’est pas spécialement détaillée, le but du jeu étant de prendre en main l’affichage comme on prend une tablette classique. Il faut donc que ce dernier poste soit léger, confortable et qu’il parvienne, en plus, à être performant et autonome.

Tablettes Hybride Intel

Intel suggère un « Sweet Spot » que l’on pourrait traduire par un objectif pour les constructeurs situé entre 8 et 9,5 mm, c’est là que les ventes se trouvent selon Intel et c’est donc ce profil qu’il faut pour les tablettes hybrides. La recette est évidemment très orientée vers les solutions Intel. Pour une tablette hybride efficace, il faut se dispenser de ventilation et Intel encourage fortement à utiliser un processeur Core M avec un très faible TDP pour y parvenir. Les solutions de refroidissement passif existent déjà et les constructeurs utilisent désormais de nombreuses alternatives à la ventilation classique pour dissiper les quelques watts des systèmes au travers de la carcasse de l’engin.

Tablettes Hybride Intel

La très faible taille des cartes mères permet de profiter d’un espace plus important pour placer, en sandwich, l’ensemble des composants et notamment les batteries qui peuvent être plus minces et se disposer de manière harmonieuse pour préserver un bon équilibre à l’ensemble.

Tablettes Hybride Intel

Intel conseille également de concevoir des cartes mères qui se placent au centre de l’appareil, non pas pour ajuster le poids de l’engin mais pour éviter des nappes trop longues de la carte vers la connectique située de l’autre côté. Comme souvent ces connectiques sont problématiques à l’usage et peuvent poser des soucis de pannes qui viennent écorner le bénéfice des constructeurs.

Tablettes Hybride Intel

D’autres remarques sont faites sur cette connectique justement. L’emploi d’un lecteur de cartes MicroSD est conseillé plutôt qu’un lecteur de cartes SD classique plein format. De même, la marque encourage à passer à l’USB type-C au lieu de l’USB type A classique pour réduire l’empreinte de ces dispositifs sur le châssis. Moins pertinents pour l’utilisateur, ces choix s’expliquent dans un usage tablette. L’idéal serait qu’Intel conseille également d’implanter des lecteurs SD et des ports USB standards dans la partie clavier de ces tablettes hybrides. Justement pour que l’hybridation ne se fasse pas que dans un sens… Malheureusement ce n’est pas le cas.

Tablettes Hybride Intel

L’emploi d’un écran OLED semble la seule solution pour parvenir à ce design hybride. Plus minces que les IPS traditionnels, ils permette de raboter encore quelque peu l’épaisseur de la partie tablette. Evidemment ils sont également beaucoup plus chers ce qui ne semble pas être un soucis pour le fondeur.

Tablettes Hybride Intel

Autre déconvenue liée à cette recherche de la finesse, l’emploi de composants soudés et non évolutifs : Mémoire vive, module 4G ou Wifi et stockage électronique doivent faire corps avec la carte mère pour pouvoir gagner en épaisseur. L’inconvénient est évidemment qu’en cas de panne d’un de ces composants ou de gourmandise en espace de stockage, l’ensemble sera alors impossible à remplacer ou à faire évoluer. Cela contribue beaucoup à accentuer le caractère « jetable » de ces dispositifs.

 

Intel propose des appareils qui ont du sens, personne n’a envie d’utiliser une tablette de 2 cm d’épaisseur pesant le poids d’un âne mort, mais pour y parvenir il n’y a pas de miracle, il faut reprendre la recette des tablettes ARM. Et donc n’accorder aucune solution d’évolutivité. La différence majeure pourtant entre un PC et une tablette Android ou iOS c’est la destination de son usage. En limitant drastiquement les évolutions possibles, on classe les appareils suivant leur prix d’achat sans perspective d’évolution. Sur le marché aujourd’hui, si on met face à face une solution Android, iOS ou Windows sous Intel, on doit bien reconnaître qu’il faut monter très haut dans les gammes de tarif pour avoir un choix pertinent du côté de Windows.

Si on se base sur l’entrée de gamme et les usages qu’il propose, les solutions hybrides non évolutives ne sont pas forcément séduisantes : Processeurs efficaces mais limités par 2 Go de ram non évolutive. Stockage plus ou mois bon en terme de vitesse et limité également avec 32 ou 63 Go de eMMC. On peut certes les faire évoluer avec une carte mémoire mais cela reste souvent boiteux. Sur le haut de gamme, il y a évidemment des solutions très intéressantes avec des produits franchement performants et très bien construits chez de nombreux constructeurs. Mais qui va acheter une tablette hybride à 1500 ou 2000€ qui n’offrira pas la performance, l’espace et le confort d’un portable deux fois moins cher en dehors de certaines entreprises ? Dépenser deux fois plus dans un engin qui ne sera plus couvert par sa garantie au bout de 24 mois et bon à jeter en cas de la moindre défaillance technique ? Il vaut mieux là encore parier sur un excellent smartphone ou une phablette pour l’usage mobile et un ultraportable moins fin mais évolutif pour tout le reste.

Intel donne des clés pour construire des tablettes hybrides séduisantes mais ne résout pas le problème de leur usage. Cela me rappelle l’apparition des écrans brillants sur les portables lorsque j’étais encore revendeur. Les constructeurs venaient me voir et me disaient « Avec l’écran brillant, cela se vend mieux ». Et effectivement  en concevant bien son éclairage en magasin, un écran brillant est très flatteur : Noirs plus profonds, couleurs qui paraissent plus contrastées et lumineuses… Mais en pratique ? En pratique cela se traduisant par des portables impossibles à utiliser en extérieur. L’époque était toujours à la technologie TN et aucun écran ne proposait d’IPS pour rivaliser avec le la lumière ambiante.

Quand je faisais cette remarque à certains représentants des constructeurs, j’avais le plus souvent droit à une non-réponse, un haussement d’épaule ou un changement de sujet. Un jour, un commercial m’a quand même dit quelque chose qui m’a fait comprendre une certaine philosophie dans ce marché: « Ben, toi tu les vends, les portables, tu les utilises pas… » Ça m’a marqué car j’ai toujours cherché à vendre des trucs que j’aurais aimé acheter. Et aucun de ces nouveaux portables à dalle brillante ne me faisait de l’oeil.

Intel propose en gros la même chose, des tablettes hybrides super jolies à regarder, ultra fines et ultra légères. Mais qui deviendront rapidement dépassées ou incompétentes par faute d’évolutivité. Une vision de l’informatique que la marque poursuit depuis les ultrabooks et le succès du monde tablette.


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7 commentaires sur ce sujet.
  • 26 août 2016 - 12 h 33 min

    Heureusement que l’industrie ne fait pas comme intel…

    – on va faire une chemise à 2€50. Suffit de mettre qu’une manche.
    – on va faire une voiture de 850 kg. On enlève trois roues, et c’est bon.
    – et une machine à laver de 20 cm de large. Le tambour? bah, on met seulement trois chaussettes, les gens vont s’adapter.

    Curieux de designer un produit avec comme principal critère une donnée qui ne devrait être qu’une conséquence, et oublier l’usage principal.
    Et après, on s’étonne que le marché plonge, en ne répondant pas aux demandes des utilisateurs? Ah…

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  • 26 août 2016 - 13 h 04 min

    @DouteCertain:

    +1000

    Les constructeurs / concepteurs devraient écouter le marché….

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  • 26 août 2016 - 13 h 06 min

    Et puis le credo ultra-finesse contre composants soudés mais sans proposer d’alternative. Merde !

    Dire que la RAM ou les disques SSD pourraient s’encliqueter dans les tablettes comme une simple carte SD. Oui RAM, Disque SD et carte SD sous un même petit capot à ouvrir. Et avec un standard unique d’insert par type de produit. Je préfère des espaces à remplir en fonction de mes besoins évolutifs qu’un sandwich mal garni !

    Même les connecteurs devraient être sur une barrette enfichable (donc remplaçable) quand je vois la fragilité des prises micro-HDMI ou micro-USB.

    A l’heure où la planète crève de cette gabegie de matière première pillée et sur-utilisée, c’est la voie responsable que j’attends de constructeurs du futur.

    Mais je sais…. Je rêve !

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  • 26 août 2016 - 15 h 58 min

    En fait ce serait je pense possible de faire en sorte de faire une machine évolutive mais pas en suivant ce que propose intel …

    Sinon vu les perfs des derniers tegra (x1 et le nouveau la) on va doucement basculer sur l’arm je pense (apple semble vouloir une telle impulsion en tout cas)

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  • 26 août 2016 - 16 h 58 min

    Totalement hors sujet… Le jetable mal foutu et équilibré (par design, poids tout côté écran), pas client.
    Ils sont vraiment c..s ou quoi?

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  • 26 août 2016 - 18 h 38 min

    Laaaaaaaah! comme aurait dit Coluche :) un final bien senti, Pierre!
    Devraient faire de la politique, Intel, sont bien mûrs là !

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  • 28 août 2016 - 2 h 10 min

    Intel qui dit comment fabriquer des tablettes xD
    Qu’ils la fabrique ! Nvidia le fais pourquoi pas chez Intel?

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