IDC annonce 45 000 000 d’objets connectés vendus en 2015

En ce moment, à chaque fois que j’entend parler d’objets connectés, je ne vois pas ce discours dans la bouche d’un particulier, d’un revendeur ou d’une marque. Je le vois dans le discours d’un expert ou d’un oracle. Souvent c’est le même d’ailleurs.

Et à chaque fois que j’entend ce discours et un professionnel de la communication jouer de la flûte autour de ces ventes extraordinaires censées apparaître d’ici les années à venir, je pense au joueur de flûte de Hamelin. Vous savez ce type qui passe de ville en ville pour attirer les rongeurs et les guider jusqu’au fleuve.

Rockchip montre et lunettes connectées

Parce que le rapport de IDC qui indique un doublement des ventes des objets connectés cette année pour atteindre 45 millions d’unités vendues et tripler d’ici 2019 me parait toujours aussi étonnant dans les termes comme dans les chiffres.

D’abord, on ne sait pas trop ce que ce terme « objets connectés » désigne, car dans la communication des fabricants, ces éléments sont toujours les mêmes : Montres connectées, bracelets santé et parfois lunettes. Seulement, en réalité, l’examen des ventes montre que les objets connectés qui se vendent aujourd’hui le plus ressemblent plutôt à des cartes de développement et autres objets destinés à de l’expérimentation plus que de la consommation.

Minimachines.net 2015-04-01 15_00_36

Mais pourquoi tout ce barouf autour de ces objets ? Pourquoi des prédictions à 5 ans sur un marché encore tout juste en pleine naissance ?

Les experts soufflent très très fort dans leurs flûtiaux en espérant rameuter un maximum de monde à leur réalité. Leurs prédictions pour 2019 ressemblent plus à des invocations pour modifier le futur qu’à des prédiction réelles. Comme si l’arrivée de nouveaux acteurs et surtout d’Apple avec son iWatch, demandait à ce que l’on prépare le terrain des esprits. Faire en sorte que l’objet connecté soit déjà dans les mœurs et donc que les gens n’aient pas de crainte à en acquérir.

Même si ils ressemblent à un gros poisson d’avril techno avec une autonomie impardonnable et des fonctions tellement limitées pour le moment qu’ils ne devraient pas coûter plus cher que le prix du materiel embarqué. Acheter une montre connectée au dessus de 200€ ne peut pas être une bonne affaire aujourd’hui, sauf si on rajoute au prix des pièces ce que l’on accepte de payer pour avoir un truc reflétant une image de sa condition sociale au poignet..

IDC éstime que les montres et autres objets à poser au poignet devraient représenter 80% des ventes. Le reste, les miettes, étant a réserver à d’autres babioles : Des appareils du même tonneau à accrocher aux vêtements pour 5.3% des ventes. 4.5% des appareils vendus en 2019 seraient des vêtements connectés : T-Shirt, chapeaux, chaussettes, fourchettes… Je vois bien les moufles de 2019 connectées pour indiquer à leur porteur sur sa montre qu’il fait froid hein ?

Les lunettes sont à 3.5% des ventes de 2019 avec une orientation très professionnelle dans les usages.

Vous vous souvenez de cette incroyable vidéo Samsung de la fin 2013 ? En moins de 15 mois la manière de vendre des montres connectées a drôlement évolué. Qui peut connaitre le marché en 2019 ?

Entre bourrage de crane et foire aux chiffres, les estimations à 5 ans me laissent toujours très perplexe. D’abord parce qu’elles sont souvent fausses mais ensuite parce qu’elles surfent sur un marché en perpétuelle évolution.

 

Le succès des montres Pebble sur Kickstarter défie tous les calculs et toutes les estimations. Les dizaines de milliers de souscripteurs montrent que leur attachement au concept de montre est avant tout lié au confort avant d’être un gadget. Confort lié à l’autonomie de l’objet avant tout.

On ne sait pas ce qui marchera en 2019. Si, par exemple, les lunettes de réalité virtuelle type Oculus devenaient le centre d’une toute nouvelle interaction au coeur des loisirs informatique, il est probable que les portefeuilles des acheteurs se réservent pour ce type de produit. Laissant peu d’espace pour des gadgets externes du type montre à 350€, tétine connectée ou ceinture connectée. Le CES 2015 a été particulièrement savoureux en terme d’objets dont la seule réelle utilité était de faire parler de leurs créateurs.

Minimachines.net 2015-04-01 14_57_12

En attendant, Amazon a lancé hier un Dash Button qui ressemble enfin à un futur crédible pour des objets connectés : Un accessoire gratuit et simple, permettant de charger votre panier Amazon avec tous les produits du quotidien : Lessive, café, couches, rasoirs. Un véritable gadget qui complète l’Amazon Dash déjà sortie.

Je ne suis pas sur d’être en phase avec cet objet qui présente le double désavantage de transformer l’acte d’achat effectué par le cerveau en réflexe dicté par vos muscles.

intel-curie

Pas sur d’apprécier cette idée que les objets tombent du ciel sans réfléchir une seule seconde à une alternative plus économique ou écologique. Mais l’avenir des objets connectés ressemble plus surement à ce type d’outil qu’à des gadgets plus ou moins utiles et beaucoup trop chers. A ça et à des outils de programmation de type Raspberry Pi ou Intel Curie comme illustré ci-dessus.


Soutenez Minimachines avec un don mensuel : C'est la solution la plus souple et la plus intéressante pour moi. Vous pouvez participer via un abonnement mensuel en cliquant sur un lien ci dessous.
2,5€ par mois 5€ par mois 10€ par mois Le montant de votre choix

Gérez votre abonnement

9 commentaires sur ce sujet.
  • 1 avril 2015 - 20 h 31 min

    d’accord avec toi pierre. les objets connectés n’ont pas d’avenir , selon moi. lol

    Répondre
  • 1 avril 2015 - 21 h 14 min

    @mebe: Je ne suis pas certain que ce soit ce qui est écrit. En tout cas, je n’ai pas lu que les « objets connectés » étaient rejetés en bloc.

    Effectivement, des montres qui comptent nos pas, mesurent notre pouls, et bip lorsque l’on reçoit un sms, à part les frimeurs, on se demande bien qui peut les acheter.

    Mais il ne faut pas injurier l’avenir, il n’est pas dit que des objets vraiment utiles ne pourraient pas faire leur apparition un jour.

    Répondre
  • 2 avril 2015 - 0 h 46 min

    deja que google à jeter l’éponge avec ses google glass (plus vendu au « grand public », rideau on ferme)
    j’ai testé une montre, il manque la killer app (sinon c’est quasi inutilisable en mode téléphone du fait de la position du bras – coude levé – pour parler et de l’absence totale de vie privée, nullisime)
    un bête combiné sony bluetooth fait mieux et avec moins de contrainte d’autonomie
    la domotique prends pas non plus, je pense pas que les « objet connectés » prennent (une occulus oui,ça j’y crois mais c’est autre chose, et beaucoup moins gadget avec une vraie dimension ludique)
    du coup, si l’allusion au poisson d’avril n’était pas dans le billet, je l’aurais pris comme tel
    ces cabinets se prennent vraiment pour nostradamus (pour rester poli)
    quand je pense au pognon qu’ils prennent en plus

    Répondre
  • 2 avril 2015 - 1 h 49 min

    yep @orangina rouge pour le poisson d’avril !
    c’est comme ici, on a un condo qui permet 20jours de charge pour un téléphone (why not), mais bon toujours pas au catalogue…. sacré Pierre.!

    Répondre
  • 2 avril 2015 - 8 h 28 min

    Bon, en tous cas les objets connectés se vendront toujours plus en 2019 que les « Notebooks » que tu adores. ;=))
    D’accord avec toi sur le peu de fiabilité des prévisions, mais je ne crois guère au « complot » pour nous intoxiquer ; je crois plus en la nécessité pour les « Cabinets » de ne pas rater le coche, car, ne t’y trompe pas les objets connectés çà va cartonner _ on ne sait pas combien, d’accord _.

    Répondre
  • 2 avril 2015 - 9 h 08 min

    Le joueur de flute, ou Pied piper, me fait penser à la série « Silicon Valley »…. bientôt la saison 2… avec des objets connectés forcément )

    Répondre
  • 2 avril 2015 - 9 h 23 min

    @jlduret: C’est un peu comme dire que tu vendras plus de boulons que de voitures, oui effectivement. Mais les usages sont « un peu » différents.

    Ce que je veux surtout dire ici c’est que le form factor de l’inconscient collectif quand aux objets connectés n’est pas une Arduino mais plutôt une montre ou un bracelet santé. Or le form factor des best sellers de ce petit monde c’est plutôt un truc pensé à la base pour gros geek barbu. Pas un truc grand public.

    Répondre
  • 2 avril 2015 - 9 h 24 min

    Tout ce qui rend l’Homme un peu plus consumériste (et donc un peu moins autonome ) est bon pour le business qui est le dogme que ces cabinets vendent à prix d’or à leurs clients.

    Les cabinets ne se trompent pas car ils ne prédisent pas l’avenir, ils tentent de le dessiner, c’est plus simple de créer le besoin et en plus cela nourrit leur ego surdimensionné.

    Un peu comme ces nouvelles stars, on ne découvre plus les talents, on les fabrique.

    :)

    Répondre
  • Ga
    4 avril 2015 - 23 h 36 min

    1. Oui, l’expression « objets connectés » n’est qu’une dénomination marketing à l’origine sincère. Il s’agissait de regrouper tout équipement final interconnecté d’une manière ou d’une autre. Cela excluait donc les routeurs, gateways et autres serveurs. Il y avait également la volonté d’exclure les desktops. Elle désignait donc l’ensemble des objets électroniques communiquant d’une manière ou d’une autre. En une expression on regroupait ainsi les téléphones mobiles, les tablettes, les téléviseurs, les boxes ainsi que les capteurs.

    2. Oui, l’expression n’a, aujourd’hui ni queue ni tête et n’est valorisée qu’à l’aune d’une démarche purement commerciale visant à forcer un marché à vénérer le culte de la profusion : profusion des chaines de télé, profusion des applications, profusion des modèles, profusion des articles dans un supermarché.
    Toujours montrer que l’on est riche et surtout favoriser la transmission des données à caractère personnel, les données de santé, ce que vous faites, comment vous le faite. Voilà le but !

    Et pour y parvenir on suit les mêmes recettes qui fonctionnent toujours : la 3G, la 4G, la fibre, la grosse bagnole, le dernier gadget à la mode, les dernières fringues à la mode, le dernier Gucci, la dernière destination à la mode, etc sont passés par là quitte à jeter l’opprobre sur celui qui n’adhère pas.
    Comment ça tu n’as pas d’objet connecté ? Tu ne sais pas ce que c’est ? Mais tu es has been mon pauvre gars !
    Tu ne feras jamais partie de l’élite mondiale ! Pauvre mec.
    Il s’agit bel et bien de fabriquer un marché et ses clients, favoriser un écosystème avec des gens qui en causent, des journaleux qui répercutent et se font mousser, des tirages qui s’ensuivent et du flouze qui coule à flots en monnayant les données personnelles au passage.

    Tiens, combien pariez-vous que l’ont va avoir droit à un nouveau canard en langue française qui sera entièrement consacré à cette doctrine ?

    3. Les objets connectés existent depuis des décennies. Forcément.
    Vous aviez un téléphone même analogique (SFR des années 80) vous étiez connectés. Vous avez un talkie-walkie, vous êtes connectés (on peut y faire passer de la donnée). Les radio-amateurs sont connectés avec la radio depuis des lustres. Les casques sans-fil sont bien des objets connectés non ? Et j’ai le mien depuis 2006.
    Le fait que votre montre se synchronise avec l’émetteur d’Allouis ou de Mainfligen fait d’elle une montre connectée.
    Il n’est pas nécessaire que l’objet en question utilise IP pour être connecté. Même l’expression Internet des objets n’impose pas IP. Elle n’impose même pas le sans-fil !
    Si on évoque les capteurs et notamment les réseaux de capteurs qui existent depuis un peu moins de 15 ans à présent (avec des couches protocolaires comme ZigBee, ZWave, Blutooth, etc) on est typiquement dans le petit objet connecté et les grands réseaux de capteurs (notamment dans l’agriculture, la surveillance des ouvrages d’art et le monde industriel) n’ont certainement pas attendus que ces 2 expressions marketing existent pour fonctionner.

    3. Oui, les objets connectés ont de l’avenir, forcément. La miniaturisation des composants et notamment des composants supportant la communication (interfaces Ethernet, USB, interfaces sans-fil avec Bluetooth LE, SigFox, LoRa) favorise leur insertion dans tout objet existant mais non communicant à ce jour : four, frigo, cartable, bracelet, pot de colle, couverts, fruits, légumes, tout article de magasin, animaux domestiques ou sauvages, cerveau.

    4. Oui, les systèmes (parlons système s’il vous plaît) communicants sont en augmentation croissante, forcément. Mais il faut garder les pieds sur terre et rire, se moquer de toute cette logorrhée diarrhéique de ces relais qui s’estiment suffisamment importants et influants pour propager une information qu’ils ne comprennent pas mais qu’ils savent qu’elle leur apportera un surcroît de notoriété comme étant celui qui fait partie du club (tout comme les grosses bagnoles).
    La véritable attente que nous devons avoir de ces systèmes communicants en tant qu’être humain est qu’il soient suffisants discrets, peu onéreux et peu consommateurs de ressources afin d’être présent dans notre quotidien et nous apporter davantage de facilité, davantage de connaissance et, surtout, davantage de sécurité : réduire le nombre de morts sur les routes, aider les non-voyants à se déplacer, aider les personnes à mobilité réduite à aller plus loin, sécuriser les trajets, économiser l’énergie, réduire la pollution de l’air et des sols, valoriser « la longue traine », informer toujours mieux et, SURTOUT, protéger nos données à caractère personnel.
    C’est cela que nous devons attendre de la multiplication à outrance des systèmes communicants : une amélioration de notre bien-être au quotidien sans AUCUNE contrepartie (donner nos données).

    Tout le reste n’est que délire de business man et autres suiveurs.
    db

    Répondre
  • LAISSER UN COMMENTAIRE

    *

    *