Google OnHub, un routeur wifi beau à regarder

Le Google OnHub est une surprise, non pas dans le sens révolutionnaire et novateur mais dans le sens marketing du terme. On dirait que Google a pris le pli d’Apple sur bien des aspects. Un petit pas de côté pour s’offrir un nouveau marché.

On dirait du Xiaomi dans le texte, prendre un produit hors du catalogue naturel de la marque, le re-designer seul ou en compagnie d’un expert ayant le savoir faire nécessaire, et le rendre immédiatement très visible du fait de sa position de leader mondial dans la recherche sur le web. Une opération qui pourrait être évidemment très rentable.

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Le Google OnHub profite donc du nom du moteur de recherche. Un nom qui est très connu et massivement utilisé par le grand public pour qui Google est presque la porte d’entrée du web. Rien de plus naturel que cet accès au net soit porté par un produit estampillé Google.

La naissance de Google OnHub s’explique probablement par l’usage de Brillo, le système d’exploitation dédié aux objets connectés de la marque. TP-Link, qui fabrique la partie matérielle de l’objet probablement sous un design des laboratoires de Google, s’efface totalement derrière ce dernier.

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De ce fait aucune technologie Wifi réellement novatrice n’est mise en place. Le Google OnHub emploie 6 antennes Wifi « uniques » dans leur design. Certes celui-ci est différent mais la concurrence emploie depuis longtemps des solutions équivalentes en couverture et en vitesse que le Wifi 802.11ac en 3×3 employé ici. Le design « arrondi » avec des antennes distribuées à 360° n’étant pas forcément une meilleure solution que les antennes externes des routeurs concurrents. Les antennes Wifi n’émettent  pas comme des arrosoirs avec des flux qui se dirigent précisément dans chaque direction de manière uniforme. La couverture n’est pas aussi uniforme que ce laissent penser les schémas explicatifs de Google.

Techniquement donc, d’un point de vue Wifi, il n’y a pas de révolution. C’est  dans l’aspect pratique que la chose change grâce à l’emploi d’un cerveau au sein de l’objet. Piloté par une puce dédiée, un Atheros IPQ8064 double cœur Krait 300 cadencé à 1,4 GHz. La puce embarque 2 moteurs logiques dont le rôle est d’accélérer les échanges, cadencés à 720 MHz, ils sont capables de prendre en charge jusqu’à 5 Gbps de données. Cette solution sortie sur le marché début 2014 est gravée en 28 nanomètres. Un processeur puissant qui explique en partie le design en hauteur de l’objet, un dissipateur assez massif est logé dans le corps de l’objet pour éviter de refroidir celui-ci via un ventilateur. Cette puce permet de faire tourner un système Brillo stocké sur un module d’eMMC de 4Go et 1 Go de mémoire vive.

L’objet sera par ailleurs capables d’ajuster ses réglages sans fil de manière à éviter les embouteillages de réseau si plusieurs canaux voisins empiètent sur votre espace. Une antenne sert de tour de contrôle pour évaluer la meilleure solution réseau à employer.

Le reste du Google OnHub est assez simple : Un port USB 3.0, un port Ethernet Gigabit, un haut parleur 3 watts aux fonctions spécifiques et une led circulaire affichant plusieurs couleurs. L’engin est compatible avec plusieurs protocoles réseau : ZigBee, Weave évidemment mais également Thread (802.15.4) et Bluetooth 4.0. Un module TPM Infineon SLB 9615 est également de la partie.

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Esthétique et logique

Esthétiquement l’objet est assez réussi, plus que la plupart des routeurs commerciaux en tout cas. Un cylindre bleu ou noir en hauteur, surmonté du haut parleur et sans aucune antenne visible. Comme un pot de fleur vide, le Google OnHub mesure 19.05 cm de haut pour 11.68 cm de large. Son poids est assez conséquent avec 862 grammes, ce qui évitera qu’il ne se renverse ou qu’il bouge à chaque manipulation de câble.

Cet aspect est un des points forts de l’objet, non pas qu’il ne soit à tomber à la renverse mais il est suffisamment réussi et passe-partout pour qu’on ne soit pas obligé de le cacher dans un coin comme c’est généralement le cas avec les routeurs traditionnels ou les box ADSL. De ce fait, son exposition sera meilleure et sa couverture Wifi également. Moins moche, mieux exposé, un point fort pour un usage familial classique, ce que vise exactement l’objet qui dialoguera grâce à sa led circulaire à 4 couleurs pour une compréhension plus facile.

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L’autre élément clé est la partie logique de l’engin. Google ne voulait pas d’une administration classique via une page web hébergée par le routeur permettant de piloter celui-ci de manière plus ou moins ésotérique. L’utilisation d’une application externe, Android ou iOS, sur une tablette ou un smartphone, a été choisie. Elle permettra de faire les réglages nécessaires, de déterminer quels appareils sont connectés à votre réseau, de lister les plus gourmands en bande passante voir de laisser la priorité à certaines d’entre elles. Votre TV-Box met en pause son stream de temps en temps, il sera possible d’améliorer son débit en lui donnant la priorité face aux autres machines. Idem pour une Chromecast, un serveur ou un PC de jeu.

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La configuration du routeur sera simplifiée dès sa mise en oeuvre, Google employant le haut parleur de l’objet pour dialoguer directement avec votre appareil Android ou iOS via des sons inaudibles à l’oreille humaine afin d’établir le dialogue et de connecter les appareil. Une approche transparente qui évite les fastidieux login et mot de passe interminables planqués sur des étiquettes illisibles sous les appareils.

L’application permettra également d’inviter de nouveaux engins à rejoindre le réseau wifi en quelques clics sur son petit écran tactile. L’idée est bonne puisqu’elle évite d’intégrer dans le routeur une interface complexe et coûteuse en la déportant sur un engin extérieur. Cela permet en outre de piloter le routeur depuis l’extérieur de votre réseau wifi et donc de le redémarrer à distance par exemple en cas de problème. Dernier point, l’engin est relié au réseau et obtiendra des mises à jour automatiquement depuis ce dernier, sans aucune manipulation de son propriétaire. Autant de détails qui séduiront le grand public et qui fera grincer des dents les plus aguerris. La peur d’une mise à jour mal fignolée ou problématique sans possibilité de revenir en arrière mais également la possibilité d’attaques sur un matériel qui sera surement massivement distribué n’étant pas spécialement rassurante.

La promo du Google OnHub qui met en avant la simplicité du produit en oubliant le fait que ce n’est qu’un routeur et qu’il faudra tout de même configurer un modem amont pour se connecter…

Le marché Français n’est pas concerné pour le moment, le produit n’est annoncé qu’aux US pour l’instant. Il faut dire que le marché Français est particulier et que la grande majorité des utilisateurs se satisfait totalement de la couverture – pourtant souvent médiocre – des box ADSL fournies « gratuitement » avec les abonnements. Les 199$ demandés par Google pour ce routeur Wifi ne sont pas spécialement  hors de prix au regard des tarifs des routeurs proposant ce type de fonctionnalités, ils sont simplement à débourser en plus de ce qu’offre son fournisseur d’accès habituel.

C’est le paradoxe de cette offre : Google vise un grand public en général déjà équipé pour venir surfer sur ses pages, un grand public qui ne saisira pas forcément l’intérêt d’investir 200$ de plus dans un objet faisant à ses yeux double emploi. Les autres préféreront peut être un routeur Wifi AC plus traditionnel laissant plus de contrôle sur ses fonctionnalités et sa sécurité, quitte à devoir se passer d’une application geek de plus.


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11 commentaires sur ce sujet.
  • rik
    19 août 2015 - 12 h 27 min

    cette grande mode des objets connectés, l’Internet Of Things (IOT) m’amuse beaucoup : on ré-invente des tas de choses, on ajoute des protocoles plus ou moins exotiques, on refait le monde sous une couverture marketing où chacun propose SON protocole super-méga-fabuleux-génial, mais on oublie de simplifier, de rendre les différents modules inter-opérables, et on oublie surtout de proposer des solutions simples, sans licence$$$ commerciale$$ :-)

    Un exemple tout bête : l’ESP8266, p’tite puce vraiment miniature, capable d’être programmée pour des actions de base, pas du tout gourmande, et alimentable en 3.3Vcc. Cette pupuce se connecte en… WiFi, protocole standardisé depuis des années, qui ne nécessite pas de déployer encore des modules ici ou là : c’est SIMPLE et utilisable par tout réseau IP. J’ai commencé à rédiger quelques billets sur blogwifi.fr pour monter à quel point un geek de base peut s’amuser avec ça, programmer des interactions de base et concevoir ainsi un objet connecté à moins de 5 €.

    Et là, je n’ai pas besoin d’un routeur à 200 € de M’sieur Google, non, juste une box internet de base, voir des AP extérieurs pour augmenter ma couverture WiFi. En fait, pourquoi faire compliqué alors qu’on peut faire si simple ? :-)

    Répondre
  • s@s
    19 août 2015 - 13 h 23 min

    @rik: Intéressant ton site, surtout le bandeau pour renvoyer vers ta boutique et le lien pour avoir de l’assistance sur les pb de Wifi à 1€35 l’appel + 34c€ la minute…
    :-)

    Répondre
  • 19 août 2015 - 13 h 45 min

    Effectivement le marché français question routeur est bien blindé et les modem/routeur sont loin d’être mauvais (les décodeurs c’est autre chose…)

    Sinon chez Orange, à voir en boutique pour obtenir une livebox pro qui est compatible zigbee.

    Pour ceux qui ne veulent pas de routeur en plus de leur box, il existe des palanqués de centrale domotique zigbee /z-wave/bt/… à connecter sur sa box pour quelques dizaines d’euros.

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  • 19 août 2015 - 13 h 48 min

    @rik:

    Ce que tu ne précises pas c’est que ton module wifi que tu branches sur te fenêtre, ton interrupteur de volet électrique, … consomme infiniment plus qu’un module zigbee zwave ou encore BT.

    Et pour ton infos, une licence doit être payé aussi sur le wifi ;)

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  • 19 août 2015 - 14 h 44 min

    C’est drôle de constater qu’ils montrent toujours les appareils sans les nombreux câbles d’alimentation et de connexion …. ils seraient tout de suite nettement moins jolis xD

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  • 19 août 2015 - 14 h 48 min

    @rik:

    Dans les autres pays comme par exemple les USA, ils ne connaissent pas les box internet fournis par l’opérateur comme tu as chez toi, ils sont souvent obligés d’acheter leur propre matériel et de payer un accès internet donc cette proposition est cohérente … sauf pour toi ;)

    Répondre
  • Cid
    19 août 2015 - 15 h 43 min

    Ce n’est qu’un routeur wifi ?
    Pas d’ethernet ? pas de modem ? Si peu pour 200$ :(
    Et ce système de haut parleur pour connecter un mobile ? le NFC ne marche pas ? BT ? Pas de diffusion de musique ? Non c’est bizarre comme truc. A moins que ce soit comme les tablettes ou au debut on ne pensait pas en avoir besoin…

    et puis j’suis pas Google du tout moi :)

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  • 19 août 2015 - 16 h 58 min

    Un routeur google… pratique pour analyser tout le traffic internet de la maison, envoyer des stats à la maison-mère, etc :)

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  • 19 août 2015 - 17 h 08 min

    @Pierre: « La configuration du routeur sera simplifiée dès sa mise en oeuvre, Google employant le haut parleur de l’objet pour dialoguer directement avec votre appareil Android ou iOS via des sons inaudibles à l’oreille humaine afin d’établir le dialogue et de connecter les appareil. Une approche transparente qui évite les fastidieux login et mot de passe interminables planqués sur des étiquettes illisibles sous les appareils. »

    J’aimerai bien voir la tête de tous les toutous qui se trouveront à proximité de la chose… ça promet d’être rigolo :-D

    … ou pas.

    Au plaisir de vous relire.

    Répondre
  • 19 août 2015 - 17 h 30 min

    @skyroller01: Cette « méthode » est déjà employée par Google et ne fait hurler à la mort aucun toutou pour le moment :). J’espère que ça va durer.

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  • 20 août 2015 - 2 h 56 min

    d’expérience, plusieurs « petite » bornes wifi ça marche souvent mieux qu’un gros machin qui crache plein pot, surtout lorsqu’on est pas en ac, donc pour le même prix je choisirais soit du grand publique flashable avec openwrt, soit du pro pas chère style ubiquiti évidement ce n’est pas le même niveau technique/temps d’investissement.

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