Google assemble recherche vocale et géolocalisation

La prouesse technique est impressionnante avec un peu de recul, faire fonctionner de pair la recherche vocale de Google et sa géolocalisation, cela ressemble bien aux portraits des ordinateurs omniscients de la SF des années 70. Un petit côté Star Trek mais également un gros côté HAL 9000.

Star Trek pour la partie où l’on cause dans un petit boitier qui nous répond de manière pertinente par rapport à l’endroit où nous sommes. Même si l’équipe vient d’être débarquée sur une planète totalement inconnue. L’ordinateur sait déjà tout et nous explique en détail où nous en sommes.

HAL 9000 pour le côté inquiétant de la chose, ce rapprochement entre le lieu où nous sommes et la réponse pertinente à notre recherche vocale qui ne laisse pas franchement de doute quant à la connaissance fine qu’a Google de nos déplacements et de nos goûts. Mais également de la manière qu’il prendra à qualifier et à donner une réponse.

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Google Now propose désormais aux US une fonction permettant de poser des questions à son smartphone comme à un inconnu dans la rue. Plus besoin de sourire ou de faire des politesses. Face à un restaurant, un magasin ou un musée, ce petit air gêné que l’on prend tous pour aborder un quidam afin de se renseigner sur l’ouverture ou l’emplacement exact d’un lieu ne sera plus nécessaire.

OK Google, à quelle heure ça ouvre ?

Google Now prendra désormais en charge ce type de question, faisant coïncider votre emplacement physique et la qualité de votre question. Possible d’interroger sur une multitude de sujets et, je suppose que le moteur de recherche fera vite la liste des interrogations les plus fréquentes, d’y répondre de manière pertinente.

Face à un monument la question sera : Quelle taille fait t-il ? Face à un bureau de poste : A  quelle heure ça ouvre ? Devant un lac : C’est profond comment ? Bref toutes les questions que le curieux de passage se pose devant un truc pas courant.

Plus fort, coincé devant une porte fermée à une heure où elle est censée être ouverte, il sera possible de poser des question du type : Appelle ce musée. Ce qui enclenchera alors la recherche du lieu, la découverte du musée le plus proche, la recherche de son numéro de téléphone et sa numérotation.

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De la question de touriste à la réponse de marchand.

Evidemment cela pose quelques questions sérieuses car en dehors des questions habituelles qui seront posées face à la Tour Eiffel sur son poids, sa taille et sa date conception, il y aura les réponses aux autres questions. Celles monnayables par le moteur de recherche.

Car très vite ce genre de gadget peut devenir une habitude. Une habitude qui permet de se reposer le cerveau et de compter sur Google pour « penser » à la place de l’utilisateur. Pourquoi se poser la question de savoir où manger entre amis alors qu’il suffira de poser la question une fois arrivé sur place ? Même chose pour savoir où acheter des fringues, un souvenir ou trouver un bar sympa avec du Wifi.

La question sera innocente mais qu’en sera t-il de la réponse ? Qui aura le privilège d’être sélectionné par Google ? Le petit resto sympa mais pas franchement impliqué en ligne ou l’enseigne internationale qui a du budget publicitaire sur Google ? Les petits commerçants qui ne renseigneront pas les infos de leur magasin sur Google Maps auront t-ils une chance d’être visibles face aux experts en optimisation pour les moteurs de recherches des enseignes internationales ?

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Si le cinéma indépendant du coin n’a pas les moyens de tartiner le net de publicité, aura t-il le même traitement que l’usine à Blockbuster d’à côté ? La question « Où aller voir un film ? » aura une réponse uniquement proposée par la proximité géographique ou dans une combinaison mixant visibilité publicitaire et localisation dans l’espace ?

Enfin, si vous êtes un accroc à un type de restauration particulier, si votre recherche avide de nourriture ne concerne que les bars à soupes gluten-free par exemple, comment Google qualifiera t-il cela, en prendra t-il note et fournira t-il le moyen aux services de ses moteurs de recherche de vous proposer des produits accordés à vos goûts ? Est-ce qu’à terme la réponse à votre question ne sera pas systématiquement un rapprochement avec une marque ? Si pour la soupe Gluten Free ce n’est pas trop grave, que penser des réponses faites à la recherche d’un café ou d’un déjeuner sur le pouce ?

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De la finesse dans un monde de brutes.

Autre questionnement, cette fois-ci relatif  à la qualité de la géolocalisation de Google. Si vous avez l’habitude de repérer des endroits sur Google Maps avant de vous déplacer, vous avez du déjà vous rendre compte que le placement de certains lieux était, pour le moins, fantaisiste.

Et cette fantaisie peut être assez problématique puisque la réponse à la question de base pourra être faussée par un mauvais placement des lieux. Ainsi les horaires recherchés d’ouverture de la piscine municipale pourraient très bien être ceux du restaurant situé à proximité. La géolocalisation est un atout indéniable mais c’est aussi une source d’erreurs importantes pour Google.

Une dernière référence cinéma ?

Le principe est intéressant et il y a probablement ici une des voies du marketing et de la publicité à venir. Il est évident que pour certains acteurs de la restauration ou du commerce par exemple, la géolocalisation va devenir un enjeu majeur. « Où acheter un T-Shirt ? » et « Où aller manger ? » sont des questions qui peuvent peser des milliards d’euros et pour lesquelles Google n’a évidemment aucune raison de ne pas en vouloir une part.

Reste qu’il faut bien prendre conscience que la réponse pourrait être orientée par le moteur de recherche de façon à générer des revenus liés à la publicité. Si la réponse à la question nourriture est systématiquement liée à la même enseigne alors que vous êtes placé à équidistance de 2 concurrents, c’est qu’il y aura une raison.

Ma dernière crainte concerne la qualité des questions posées. Google est un peu con à l’oral, souvent à côté de la plaque face aux interrogations longues ou précises. Ce qui auto-censure la qualité des questions posées au moteur de recherche. Et qui dit question simple dit réponse simple. Avec ce type de recherche vocale, on risque très vite de tous poser la même question, d’oublier sa propre curiosité. De sacrifier notre étonnement sur l’autel de la paresse. C’est un des principe du film Idiocracy  qui montre un univers où tout le monde a fini par penser la même chose, c’est à dire ce que la publicité leur a enseigné.

Prendre son air benêt pour interroger la passante aura toujours l’avantage du renseignement surprise, de la porte dérobée pour entrer au musée, de l’adresse de bistrot sympa à 30 mètres à droite ou de la carte extraordinaire d’un chef totalement inconnu pour le moment. Google apporte un service indéniablement impressionnant mais ne remplacera que mal la qualité et la surprise de l’humain.


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8 commentaires sur ce sujet.
  • 11 juin 2015 - 11 h 08 min

    Bel article, bravo !

    Répondre
  • 11 juin 2015 - 12 h 19 min

    MOI
    « OK Google »

    MOI
    « Je veux aller sur des sites traitant avec impartialité de l’actualité Apple, Android, Linux et Microsoft »

    GOOGLE
    « Nous vous recommandons 01.net, Clubic et NextInpact »……

    MOI
    « …Mais parlant spécifiquement des engins portables : montres, smartphones, tablettes, netbooks, mini-PC… »

    GOOGLE
    « 01.net, Clubic et NextInpact »……

    Mince, Minimachines oublié n’aurait pas payé sa taxe publicitaire à Google, et serait la pauvre victime de cette mafia tentaculaire et publicitaire ? Pourtant avec la Google I/O couverte, et la keynote d’Apple carrément oubliée, la bienveillance du géant devrait être de mise, non ? Imaginons qu’un bon article valant 3 jetons de pub…. Snober la concurrence valant 3 autres jetons…

    Le site ferait-il alors trop preuve d’un traitement partiel de l’actualité au regard d’un moteur de recherches qui sait que les faits objectifs son têtus ?

    Déçu , et déboussolé, je vais demander à une vieille dame dans la rue, ou à ce type là qui porte une Apple Watch…

    (LOL pour ce morceau de science-friction))

    Répondre
  • 11 juin 2015 - 14 h 43 min

    @MaxiMachinChose

    apparemment, korben.info est dans le placard tout autant que Pierre à ta première question. Bon comentaire en tout cas. Et excellent article de Pierre, qui nous ouvre les yeux pour savoir quand et à qui/quoi ouvrir notre bouche !

    Répondre
  • 11 juin 2015 - 19 h 16 min

    @MaxiMachinchose: excellent ! Ça aurait aussi pu être ça:

    – Ok Google, il ouvre quand le magasin ?
    – De toute façon ton compte est déjà débiteur.
    – Mais euh?? Tu n’as pas l’accès à mon compte bancaire !
    – Bah si, l’application lampe torche me permet d’y accéder.
    – Arf… Désintallation lampe-torche
    Impossible, téléchargement de 25 GO de publicité en cours. Oh… Forfait épuisé. Désactivation téléphone.

    Répondre
  • 11 juin 2015 - 22 h 27 min

    Et oui, bien vu Pierre, mais je me propose d’enfoncer quelques portes ouvertes.

    Qui sait qu’à l’heure actuelle le moteur de recherche Google n’a rien d’honnête dans sa façon de retourner les informations que l’on recherche ?

    En effet il ne retourne pas les plus pertinentes, mais les plus « demandées », de préférences qui diffusent de la pub de son agence de presse et surtout dont un facteur occulte qu’on appellera grand G est au maximum.

    Les autres sites, ceux qui ne font pas de publicité à leur création peuvent rester des mois sans être répertoriés par Google.

    Au total, Google ne répertorie pas tout le net, mais seulement les pages qui ont un intérêt commercial pour lui, ou alors les pages qui ne font aucune pub et qui ne peuvent pas lui faire concurrence (Wikipédia, par exemple, même si je déteste cette pseudo encyclopédie ultra fermée).

    Bref cela n’est au final qu’un catalogue payant, ni complet, ni exhaustif, ni honnête. Le laisser proposer quelque chose à l’utilisateur dans un contexte géographique, ce sera par exemple d’aller dans une boutique plutôt qu’au Louvre si vous êtes à côté des deux et que vous demandez ce qu’il y à voir dans le coin !

    Répondre
  • 11 juin 2015 - 22 h 40 min

    Anticipation, prédiction de l’environnement dans le temps et l’espace et plus d’une personne. C’est un pas vers de nouvelles formes possibles d’interfaces humaines, plus directes, simples et rapides.

    Répondre
  • Xo7
    12 juin 2015 - 12 h 45 min

    Cela me rappelle la vie des humains dans l’arche spatiale du film wall-e… Aujourd’hui le rouge est bleu,achetez notre nouveau rouge…

    Répondre
  • 16 juin 2015 - 10 h 54 min

    Article intéressant. (comme d’habitude!)

    Cependant, la différence de visibilité entre les gros et les indépendants existe déjà. Même sans Google et sa localisation.

    Si le petit resto sympa de la ruelle ne fait pas de publicité, jamais je ne saurai qu’il existe et j’irai au Mc Do du grand boulevard avec son enseigne jaune bien visible.

    Et que Google soit orienté, ce n’est pas une nouvelle. C’est son fond de commerce.

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